Le 12 septembre dernier, à Lyon, Pauline Maret et Julien Malabry inauguraient Poltred, La Maison de la photographie, un concept store dédié au 8e art. Visite guidée de ce nouveau lieu de l’image. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
P pour Photographie, O pour Œuvres, L pour Labeur, T pour Troquet, R pour Rencontres, E pour Échoppe et D pour Développement. Poltred, c’est aussi un « portrait » en breton, clin d’œil aux origines de Julien Malabry, 38 ans, co-créateur de ce concept store avec Pauline Maret, 33 ans, sa compagne. Julien est un photographe que nous avons découvert il y a un an, lors du festival Planche(s) Contact, à Deauville, et Pauline, une orthoptiste sensible à l’image depuis toujours.
Il y a un an et demi, ce couple de passionnés a contracté un emprunt et s’est lancé. D’abord agence de photographes, Poltred a bien grandi. « Nous nous sommes installés dans un quartier bien situé [dans le 3e arrondissement de Lyon, entre La Part-Dieu et La Guillotière, ndlr], dynamique et passant, à deux pas des quais du Rhône. Nous avions envie de nous démarquer des galeries traditionnelles et de nous éloigner des lieux photo situés sur les pentes de la Croix-Rousse », indique Pauline. « Pauline et moi sommes très famille. Poltred est avant tout un lieu convivial et chaleureux. Plus nous avançons et plus nous avons le sentiment d’être à la maison », ajoute son compagnon.
Troquet, galerie et labo
« Il faut imaginer un lieu détruit, laissé à l’abandon depuis quinze ans. Avec des amis, nous avons reconstruit des murs, la verrière… En fait, le seul élément d’origine est le parquet au niveau du troquet »,
explique Julien, également dessinateur, qui a imaginé avec un ami architecte les plans de cet espace de 170 mètres carrés aux multiples fonctions. Au rez-de-chaussée, la galerie accueille une exposition temporaire tous les deux ou trois mois. Première artiste invitée : Céline Villegas, photographe franco-chilienne originaire de Lyon. « Le ou la photographe ne doit pas forcément être lyonnais, l’important étant de montrer un travail n’ayant jamais été exposé dans la ville », précise Julien.
Ensuite, il y a le coin le plus cosy du rez-de-chaussée, la bibliothèque, où le papier peint, conçu spécialement pour le lieu, est truffé de références photographiques et lyonnaises. Un peu plus loin, un open space pouvant accueillir six à huit photographes réunit l’espace de coworking et le laboratoire. Poltred propose des formules d’abonnement, dont une à 249 euros par mois, qui donne accès au labo, à la fois numérique – avec son scanner et son imprimante – et argentique. « Nous ne voulions pas nous substituer à un laboratoire classique, mais permettre aux photographes de réaliser des tirages jusqu’au format A3, indique Julien, avant de pointer du doigt la kitchenette. Ils ont tout ce qu’il faut pour faire leur vie. » C’est là que nous rencontrons Victor Pérez, premier « Poltreder ». « Nous avons souvent tendance à travailler de façon isolée, alors qu’il est important de partager et d’échanger dans nos métiers. Poltred est le seul lieu réunissant des photographes lyonnais », confie-t-il.
À l’étage, des espaces d’exposition individuels fonctionnant selon le principe du dépôt-vente constituent la collection permanente. « Nous proposons des tirages en édition limitée, et le plus souvent en argentique. Tous les photographes exposés dans ces espaces-ci sont locaux et reçoivent 60 % du prix des ventes, expliquent Pauline et Julien. Nous ne sommes pas galeristes, nous n’avons pas cette prétention, mais nous avons notre œil. » À chaque photographe est associé un univers particulier. Parmi la vingtaine d’auteurs représentés, on compte un spécialiste de la surimpression, Édouard Mazaré ; un photographe de mode, Fabrice Mabillot ; ou encore une photographe documentaire, Laurie Diaz, qui présente ici ses clichés de Cuba. Coup de cœur, enfin, pour les images poétiques d’Ashka et d’Audrey Kahl.
Les prix accessibles, allant de 50 euros à 400 euros, séduisent le visiteur. La preuve, Poltred a vendu cinq tirages dès la première semaine d’ouverture. Il y a également le troquet, pour boire un coup et manger local… et une boutique dédiée à l’univers de la photographie. « Nous chinons beaucoup et nous proposons des boîtiers vintage, des objectifs, des pellicules, du papier, mais aussi des livres », indique Julien. Enfin, Poltred développe plusieurs activités pour les photographes amateurs et confirmés : workshops, balades photographiques, lectures de portfolios. Leur secret ? « Nous nous aimons fort. Poltred, c’est un projet plus engageant qu’un mariage », confie Pauline, alors qu’ils débarrassent tous deux le lave-vaisselle. Un projet plus que réussi.
Exposition Futuropolis d’Aurélien Aumond
Jusqu’au 3 février 2019
Poltred – 54 cours de la Liberté, Lyon
Poltred, La Maison de la Photographie à Lyon
© Aurélien Aumond
Cet article est à retrouver dans Fisheye #33, en kiosque et disponible ici.