Francisco Gonzalez Camacho rêve d’une nature paisible

22 novembre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Francisco Gonzalez Camacho rêve d’une nature paisible

Dans Elsewhere, un ouvrage minimaliste illustrant sa recherche de paix intérieure, Francisco Gonzalez Camacho fait le portrait d’une nature onirique dont il nous faut conserver la diversité.

Un frisson hérissant les poils d’un bras, un rocher suspendu entre ciel et terre, les feuilles d’un arbre étincelant telles des joyaux le long des branches… Dans les images de Francisco Gonzalez Camacho, la nature fusionne avec le fantastique et le surréalisme. Unifiés par des teintes dorées et un noir dramatique, les éléments se répondent pour former un Elsewhere (Ailleurs en français, NDLR) hypnotique. C’est à 21 ans que l’artiste commence à étudier la photographie dans sa ville natale en Espagne, avant de compléter sa formation en Finlande à l’Université Aalto. « Emménager là-bas en pleine pandémie, et devoir m’habituer dans ce contexte à une autre culture a été quelque chose de compliqué. La photographie m’a aidé. Passer du temps à capturer la nature m’a permis de me rassurer, de me préserver – c’est ce qui a finalement conduit à la réalisation de ce projet », confie l’auteur.

Fasciné par les œuvres du Japonais Masao Yamamoto, Francisco Gonzalez Camacho construit à son tour des compositions minimalistes, où les êtres vivants et les éléments deviennent des ombres chinoises, perçant l’horizon lointain de leurs silhouettes abruptes, graphiques. Ainsi, dans cet univers onirique, toute certitude s’efface, et le 8e art convoque la peinture et l’estampe, comme autant de tableaux abstraits bâtis à coup d’émotions. Un rapport à l’environnement évoquant également les sublimes compositions de Paul Cupido ou encore du duo Albarrán Cabrera.

© Francisco Gonzalez Camacho© Francisco Gonzalez Camacho

S’affranchir du réel

De cet ensemble délicat émerge avant tout une recherche de paix intérieure. « Je suis originaire d’Espagne, mais je ne me suis jamais senti appartenir à cette culture. J’ai ensuite vécu cinq ans au Royaume-Uni, et bien que je conserve de bons souvenirs de cette époque, je n’y trouvais pas non plus de racines particulières. C’est en Finlande que j’ai finalement trouvé un territoire duquel je me sens proche. Mes images me permettent de créer un espace fantastique et harmonieux en pleine nature », explique-t-il. Une invitation à la contemplation faisant écho à sa philosophie à la fois photographique et existentielle : le minimalisme.

Grain velouté, négatif contrasté, vagues texturées… Jouant avec les matières comme avec les proportions, Francisco Gonzalez Camacho brouille les échelles ainsi que notre rapport au réel. Poussières microscopiques ou pluies d’étoiles ? Simple éclaboussure ou tourbillon menaçant ? En isolant chaque détail, l’artiste nous invite à ouvrir nos esprits. Préférant s’affranchir de la réalité, du palpable, il offre à travers ses images des écrins métaphoriques reflétant la calme beauté du monde… Tout comme sa chute inéluctable. « Je veux mettre en avant notre connexion oubliée à l’environnement. Une notion romantisée qui, je trouve, est pourtant terriblement contemporaine – d’autant plus dans notre société dystopienne actuelle », conclut-il.

 

Elsewhere, édition à 100 exemplaires, 45€

© Francisco Gonzalez Camacho

© Francisco Gonzalez Camacho© Francisco Gonzalez Camacho
© Francisco Gonzalez Camacho© Francisco Gonzalez Camacho
© Francisco Gonzalez Camacho© Francisco Gonzalez Camacho

© Francisco Gonzalez Camacho

© Francisco Gonzalez Camacho

Explorez
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés...
29 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
© Thomas Paquet. Vignettage
Thomas Paquet : « imposer une économie de gestes »
À l’occasion du Paris Gallery Weekend, la Galerie Thierry Bigaignon présente, jusqu’au 31 mai 2025, une exposition personnelle de...
29 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
© Jonathan Bertin
instax Wide Evo™ : l’alchimie instantanée selon Mathias Benguigui et Jonathan Bertin
Avec son nouveau boîtier instantané, instax™ de Fujifilm propose une promesse audacieuse : faire de chaque cliché un chef-d’œuvre. Afin...
28 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Folle nuit, Québec et désordre : nos coups de cœur photo de mai 2025
© Chris Mann
Folle nuit, Québec et désordre : nos coups de cœur photo de mai 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
28 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
31 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le  7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
© Omar Victor Diop
Le 7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
Troisième invité du cycle "Le 7 à 9 de CHANEL", le photographe sénégalais Omar Victor Diop a offert au public du Jeu de Paume un moment...
30 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés...
29 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas