Réalisé par trois photographes, Guillaume Noury, Ludovic Giraudon et Patrice Lumeau, l’ouvrage Tu vas où ? Tu m’emmènes… propose une déambulation poétique le long de l’estuaire de la Loire.
« J’ai commencé la photographie sérieusement il y a quinze ans. J’ai alors expérimenté toutes les techniques imaginables. Mais je pense que j’ai toujours été photographe : c’est ma façon de vivre. J’ai toujours observé ce qui m’entourait avec une certaine distance »
, confie Guillaume Noury. Cet auteur venu de Nantes partage sa passion et son lieu de vie avec Ludovic Giraudon et Patrice Lumeau. Tous trois, amis et artistes, développent une sensibilité commune, et un goût pour l’expérimentation. « Nous savions que nos approches respectives pouvaient entrer en résonance. Nous avons donc décidé de parcourir ensemble l’estuaire de la Loire », expliquent-ils.
Comment capturer un territoire à la fois proche et lointain ? Pour réaliser Tu vas où ? Tu m’emmènes… Les trois photographes se sont imposés deux règles : « Dormir sur place, afin d’y être tard le soir et tôt le matin, et profiter des plus belles lumières. Répéter ces sessions de deux jours et une nuit durant deux ans pour qu’on puisse s’imprégner du lieu ». Un projet au long cours portant les traces d’une errance maîtrisé, d’un plongeon dans un espace bien-aimé.
Lire entre les lignes
Une douce brume et des gouttes de pluie parsèment les images du petit ouvrage. Partout, le paysage se brouille, laissant apparaître une douce mélancolie. L’abstraction domine, au fil des pages, « rien de tel pour ouvrir l’imaginaire du lecteur ! », s’amusent les auteurs. Nourrissant les clichés, des vers surgissent, jouant avec l’absurde et l’effusion des sens. « Cette poésie s’est imposée au fur et à mesure de nos pérégrinations. Une manière de dévoiler les émotions que nous ressentions », ajoutent-ils. Mots et visuels fusionnent alors, ne portant ni de signature ni de signification claire. Pourtant, au gré du voyage, on apprend à lire entre les lignes. Du grain prononcé aux scènes contées, c’est l’abandon qui apparaît. Il se ressent dans le chemin emprunté par les artistes – une voie non tracée. Chaque diptyque image-texte s’impose alors comme une réaction brute, instinctive face à l’inconnu. Un goût pour l’évasion, peu importe la destination. « Ici est ailleurs, le périple est possible si l’on s’autorise à être libre », déclarent-ils. Une œuvre célébrant le dépaysement.
Tu vas où ? Tu m’emmènes…, auto-publié, 18 €, 52 p.
© Guillaume Noury, Ludovic Giraudon, Patrice Lumeau