Publié aux éditions Poursuite, l’ouvrage Moisson Rouge, de la photographe française Marguerite Bornhauser donne à voir une nature onirique et colorée, théâtre d’un récit énigmatique.
« Je suis une photographe plasticienne du quotidien »
, déclare Marguerite Bornhauser. Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, l’artiste a depuis travaillé pour la presse, la mode et la publicité. Harmonieuses, ses photographies témoignent de sa minutie, et de son goût pour les palettes colorées. Tons vifs, compositions abstraites et plans rapprochés composent sa série Moisson Rouge. Une collection de clichés aux significations insaisissables. « Je me sers souvent d’images comme de mots pour raconter des histoires, créer des fictions et des atmosphères particulières », précise-t-elle.
En écho à l’œuvre de Dashiell Hammet – un romancier américain, considéré comme le fondateur du roman noir, dont le livre Red Harvest a donné son nom à la série de Marguerite Bornhauser – l’ouvrage laisse planer le mystère. Sur les pages, les images chatoyantes mangent le blanc des bordures et attirent le regard du lecteur. Comme une partition que l’on déchiffre, les différents éléments s’assemblent et jouent une mélodie entêtante.
Un doux rêve
« Je mêle des scènes fortuites et des compositions soigneusement construites, brouillant les pistes entre réalité et fiction. En refusant de légender mes clichés et de les situer dans leur contexte de prise de vue, je fais de chaque image l’origine d’un récit volontairement subjectif »
, explique la photographe. Marquée par les ombres et les contrastes, son histoire évoque la langueur de l’été, l’arôme fruité des promenades en campagne, ou encore la lumière particulière d’un soleil couchant… avant que la nuit tombe et révèle l’invisible.
Comme un fil conducteur, le rouge s’immisce dans chaque cliché, et lie les trames narratives entre elles. Il se pose sur un corps, éclaire les végétaux et orne les façades des immeubles. Brillant, il devient surnaturel, comme extérieur au moment. Un témoin hors du temps, capable de nous guider au cœur de ce conte visuel. « La torpeur des ciels d’été, les jeux de lumière sont soudainement interrompus par le bris d’un verre ou d’une éclaboussure – autant d’indices que quelque chose vient de se passer », ajoute l’artiste. Qu’illustre donc Moisson Rouge ? Un doux rêve ? Un mystère à élucider ? Ou simplement notre réalité sublimée ? Picturale et plaisante, la série nous invite, en tous cas, à observer notre environnement avec émerveillement.
Moisson Rouge, Éditions Poursuite, 25€, 32 p.
© Marguerite Bornhauser