Songes d’un jour d’été

08 septembre 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Songes d’un jour d’été

Publié aux éditions Poursuite, l’ouvrage Moisson Rouge, de la photographe française Marguerite Bornhauser donne à voir une nature onirique et colorée, théâtre d’un récit énigmatique.

« Je suis une photographe plasticienne du quotidien »

, déclare Marguerite Bornhauser. Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, l’artiste a depuis travaillé pour la presse, la mode et la publicité. Harmonieuses, ses photographies témoignent de sa minutie, et de son goût pour les palettes colorées. Tons vifs, compositions abstraites et plans rapprochés composent sa série Moisson Rouge. Une collection de clichés aux significations insaisissables. « Je me sers souvent d’images comme de mots pour raconter des histoires, créer des fictions et des atmosphères particulières », précise-t-elle.

En écho à l’œuvre de Dashiell Hammet – un romancier américain, considéré comme le fondateur du roman noir, dont le livre Red Harvest a donné son nom à la série de Marguerite Bornhauser – l’ouvrage laisse planer le mystère. Sur les pages, les images chatoyantes mangent le blanc des bordures et attirent le regard du lecteur. Comme une partition que l’on déchiffre, les différents éléments s’assemblent et jouent une mélodie entêtante.

© Marguerite Bornhauser© Marguerite Bornhauser

Un doux rêve

« Je mêle des scènes fortuites et des compositions soigneusement construites, brouillant les pistes entre réalité et fiction. En refusant de légender mes clichés et de les situer dans leur contexte de prise de vue, je fais de chaque image l’origine d’un récit volontairement subjectif »

, explique la photographe. Marquée par les ombres et les contrastes, son histoire évoque la langueur de l’été, l’arôme fruité des promenades en campagne, ou encore la lumière particulière d’un soleil couchant… avant que la nuit tombe et révèle l’invisible.

Comme un fil conducteur, le rouge s’immisce dans chaque cliché, et lie les trames narratives entre elles. Il se pose sur un corps, éclaire les végétaux et orne les façades des immeubles. Brillant, il devient surnaturel, comme extérieur au moment. Un témoin hors du temps, capable de nous guider au cœur de ce conte visuel. « La torpeur des ciels d’été, les jeux de lumière sont soudainement interrompus par le bris d’un verre ou d’une éclaboussure – autant d’indices que quelque chose vient de se passer », ajoute l’artiste.  Qu’illustre donc Moisson Rouge ? Un doux rêve ? Un mystère à élucider ? Ou simplement notre réalité sublimée ? Picturale et plaisante, la série nous invite, en tous cas, à observer notre environnement avec émerveillement.

 

Moisson Rouge, Éditions Poursuite, 25€, 32 p.  

© Marguerite Bornhauser© Marguerite Bornhauser
© Marguerite Bornhauser© Marguerite Bornhauser
© Marguerite Bornhauser© Marguerite Bornhauser
© Marguerite Bornhauser© Marguerite Bornhauser
© Marguerite Bornhauser© Marguerite Bornhauser

© Marguerite Bornhauser

Explorez
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
© Sara Silks
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
C’est l’heure du récap ! Dans les pages de Fisheye cette semaine, les photographes nous font voyager, aussi bien dans des lieux...
26 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Festival InCadaqués : les coups de cœur de la rédaction
Hail Mary, bobbin lace, serpent’s thread © Emilia Martin, Special Mention InCadaqués Festival Open Call 2025
Festival InCadaqués : les coups de cœur de la rédaction
La rédaction de Fisheye a déambulé dans les rues idylliques du village de Cadaqués, en Espagne, à l'occasion du Festival Photo...
16 octobre 2025   •  
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
Residency InCadaqués 2025 © Antoine De Winter
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
La rentrée scolaire est souvent synonyme de foisonnement d'expositions. Pour occuper les journées d'automne et faire face à la dépression...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Antoine Béguier, au cœur des strates identitaires du Kirghizistan
Autoroute de la soie © Antoine Béguier
Antoine Béguier, au cœur des strates identitaires du Kirghizistan
Antoine Béguier a parcouru le Kirghizistan pendant plusieurs années. Ses voyages et ses rencontres lui ont révélé un pays en pleine...
01 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Edward Weston, Shells, 1927 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography
Du pictorialisme au modernisme, la MEP célèbre l’œuvre d’Edward Weston
Jusqu’au 21 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie consacre une exposition exceptionnelle à Edward Weston. Intitulée...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Hamza Ashraf : Démo d’amour
We're Just Trying to Learn How to Love © Hamza Ashraf
Hamza Ashraf : Démo d’amour
Hamza Ashraf navigue dans le fleuve des sentiments amoureux et compose We’re Just Trying to Learn How to Love, un zine, autoédité, qui...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Peinture, coulée d'or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Zoé Bleu Arquette. Une nuit étoilée, 2025 © Rose Mihman
Peinture, coulée d’or et sculpture : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici proposent de découvrir la photographie à travers différentes techniques...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Touches d’aquarelle, Brésil et festival : nos coups de cœur photo d’octobre 2025
© Cloé Harent, Residency InCadaqués 2025
Touches d’aquarelle, Brésil et festival : nos coups de cœur photo d’octobre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
29 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet