Pour son premier ouvrage auto-édité, Mode Avion, Maxime Letertre partage sa passion du monde aéroportuaire. Des photographies planantes réalisées au smartphone.
« J’ai grandi à proximité d’un aérodrome et j’ai toujours aimé regarder les avions évoluer dans le ciel », se souvient Maxime Letertre. En 2015, riche de son expérience de photojournaliste pour le quotidien Ouest-France, il entame un travail de documentation personnel autour du voyage en avion. « J’ai dans un premier temps partagé mes images sur mon compte Instagram », explique-t-il. Quelques clichés plus tard, il se lance dans l’aventure de l’auto-édition. Le choix des photos, la disposition…rien n’est laissé au hasard. « Il me tenait à cœur de faire en sorte que ce livre ne soumette pas aux lecteurs une histoire parfaitement linéaire. J’espère que ceux qui s’y plongeront trouveront matière à projeter leur propre imaginaire du voyage en avion », confie le photographe français.
André Malraux ou encore Sylvain Tesson…Maxime Letertre ne cache pas ses références à la littérature. Il conte le monde aéroportuaire comme une histoire d’amour intense et passionnelle : « L’aéroport est une promesse : celle de sortir de soi, de se confronter à l’altérité, de s’ouvrir à des idées nouvelles en allant au contact d’autres cultures, de confronter ses préjugés à la réalité, de revenir différent ». Le parallèle au livre du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry est inévitable. Maxime Letertre ne dessine pas de mouton, mais il apprivoise la photographie. Dans Mode avion, le 8e art prend les commandes et offre la possibilité au lecteur de laisser libre cours à ses songeries.
L’art de la phonéographie
« J’ai voulu explorer le potentiel de cet outil qui a bouleversé nos vies et notre rapport aux autres. Si, au début, le rendu n’était pas au rendez-vous, j’ai tout de suite été conquis par le fait qu’il laisse place à davantage de spontanéité qu’un reflex », explique le photographe adepte du cellulaire. Des hublots, tour de contrôle, et de nombreuses silhouettes s’entremêlent dans Mode Avion. L’aéroport est un lieu de pause, le voyageur s’y trouve en suspens d’un nouveau départ. Maxime Letertre se sert de l’instantanéité de la prise en main de son téléphone portable pour capturer ces instants hors du temps. Le format carré de ses clichés est « parfaitement adapté à [sa] recherche esthétique marquée par une vision très graphique du monde ». En noir et blanc, les clichés de Mode Avion plongent le lecteur dans une « dimension fictionnelle et intemporelle plus forte ».
Durant ses voyages, Maxime Letertre se laisse transporter par la musicalité de Moderat, Kiasmos ou encore de Rone. Pour lui, les sonorités invitent à regarder le monde autour de soi avec davantage de poésie. « Ce supplément d’âme est précieux pour composer une photographie », souligne-t-il. Dans une démarche pluridimensionnelle, l’artiste souhaite prolonger cet ouvrage par une exposition. Ou encore, par l’élaboration d’un accompagnement musical. Mode Avion s’impose alors comme un passeport à la déconnexion, dans cette société où tout semble s’accélérer.
Mode Avion, auto-publié, 22,75 €, 38 p.
© Maxime Letertre