Alice Affre est depuis toujours fasciné·e par les images « que l’on ne voit pas », celles qui permettent l’oubli du quotidien. Enfant d’internet, bercé·e par la science-fiction, iel se passionne pour la fluidité des choses. Artiste tout-terrain, non-binaire, iel perçoit la queerness comme un support pour s’émanciper des clichés, et non comme une fin. « Je pars toujours du principe que tout est possible », explique-t-iel. Ses portraits sont réalisés dans des espaces clos et restreints, qui constituent des refuges dans lesquels ses modèles se déploient pourtant avec une grande liberté. « L’installation, le fait de créer l’illusion avec peu, et de faire oublier que je travaille dans des chambres, sont mes véritables défis », révèle l’auteurice. Depuis ses débuts aux Beaux-Arts, Alice Affre n’a cessé de créer des ambiances et des décors de plus en plus ambitieux au fil des années. Une chambre à soi ne suffit pas ; il faudrait, déclarerait probablement notre artiste, que chacun·e puisse disposer d’une image à soi. Qu’iel détériore la pellicule de son argentique, injecte de la peinture dans des Polaroïds, ou repousse les limites de la mise en scène, du maquillage et des costumes, le travail d’Alice Affre est une expérimentation sans cesse renouvelée des médiums, et de l’infinité des possibles. « Incarner les masques » dont iel a eu besoin par le passé, « puis les enlever ». Investir l’espace, pour explorer le jardin à l’intérieur de nous–mêmes.
© Alice Affre