Traversée en terre familière

12 novembre 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Traversée en terre familière

Avec le livre et l’exposition Traversée, le photographe Clément Chapillon rend hommage à la ligne C du RER parisien, célébrant son quarantième anniversaire. Un voyage étrangement dépaysant en Île-de-France.

Amoureux de la photographie depuis son enfance, Clément Chapillon a quitté en 2015 son agence de communication pour se consacrer à la pratique du médium. Après une formation de quatre mois aux Gobelins, l’artiste se lance dans sa première série, Promise Me a Land, un projet documentaire en Israël et Palestine qui durera plus de deux ans. « Cela a état le véritable point de départ de ma nouvelle vie de photographie », confie l’auteur. Un récit initial qui confirme son désir d’explorer la relation entre l’Homme et son territoire. « J’aime comprendre et décrire les fils qui sont tissés entre cultures et géographie, comment les paysages forgent et influencent nos identités », précise-t-il.

Distiller un peu de magie dans la réalité, tel est l’objectif de Clément Chapillon. Tout en conservant une approche documentaire, il veille à transformer la matière première. « Je veux y intégrer de l’imaginaire, des images mentales qui créent un questionnement, qui interpellent », ajoute-t-il. Une vision unique du monde qui accompagne sa Traversée. Réalisé avec l’aide de la SNCF, l’ouvrage retrace les quelques 180 kilomètres de rails du RER C, traversant l’Île-de-France de haut en bas. Un voyage permettant à l’auteur de redécouvrir un paysage familier.

© Clément Chapillon

Redécouvrir son trajet quotidien

 « Je n’avais jamais photographié mon quotidien. Il est beaucoup plus dur d’explorer un lieu familier que de succomber aux sirènes des terres lointaines »

, confie l’artiste. Pourtant, au fil du voyage, des gratte-ciel et monuments emblématiques du cœur de la capitale aux maisonnées perdues dans les champs, il nous semble nous éloigner du Grand Paris. Dans un univers aux tons pastel offrant une belle unité à ce trajet éclectique, le RER C et ses territoires offrent une escapade dépaysante. Il y a une certaine intemporalité dans les clichés de Clément Chapillon. Du linge, malmené par un vent printanier, aux portraits élégants des différents voyageurs des trains, chaque instant semble s’étirer, donnant à voir les détails saisissants d’une routine quotidienne.

Construite il y a quarante ans, la ligne C emploie aujourd’hui 2500 agents SNCF et transporte chaque jour 540 000 personnes. Des techniciens aux travailleurs fatigués, le regard perdu dans le paysage défilant, le photographe s’est appliqué à documenter chaque personnage jouant un rôle dans cette Traversée. Accompagnées de quelques fragments de pensées, les images du livre évoquent un voyage : un périple en terres arpentées, dont chaque parcelle est à la fois connue et secrète. Du monde rural à l’étendue de l’espace urbain, le train dissimule quelques trésors. Ça et là, la palette de couleurs, l’expression d’un inconnu arrête le regard, et invite le lecteur à redécouvrir son trajet quotidien.

 

Traversée, Clément Chapillon

Gare d’Invalides, Paris 7e

Jusqu’au 31 décembre

© Clément Chapillon© Clément Chapillon

© Clément Chapillon

© Clément Chapillon© Clément Chapillon

© Clément Chapillon

© Clément Chapillon© Clément Chapillon

© Clément Chapillon

© Clément Chapillon

Explorez
Oumayma B. Tanfous : Between I and Lands ou le vertige de l’appartenance
Oumayma Ben Tanfous © 2024
Oumayma B. Tanfous : Between I and Lands ou le vertige de l’appartenance
Photographe et réalisatrice tuniso-canadienne, Oumayma Ben Tanfous signe, avec Between I and Lands, un livre contemplatif, qui dessine...
09 avril 2025   •  
Écrit par Milena III
Valeria Arendar et Eleana Konstantellos : histoire fragmentée d'espionnage au Mexique
The Dice Was Loaded From The Start © Valeria Arendar et Eleana Konstantellos
Valeria Arendar et Eleana Konstantellos : histoire fragmentée d’espionnage au Mexique
Valeria Arendar et Eleana Konstantellos, fondatrices du collectif Melka en 2022, s’intéressent aux histoires de l’espionnage qui a opéré...
08 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #539 : Margaux Battistelli et Ludwig Favre
© Margaux Battistelli
Les coups de cœur #539 : Margaux Battistelli et Ludwig Favre
Margaux Battistelli et Ludwig Favre, nos coups de cœur de la semaine, investissent la rue et brossent des portraits poétiques de...
07 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Midnight Sun : Aliocha Boi, là où le soleil ne se couche pas
Images issues de Midnight Sun (Collapse Books, 2025) © Aliocha Boi
Midnight Sun : Aliocha Boi, là où le soleil ne se couche pas
Aliocha Boi signe le livre Midnight Sun, publié aux éditions Collapse Books et dont le lancement aura lieu le 4 avril 2025 au Floréal...
04 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Mikiya Takimoto, en quête d’équilibre
© Mikiya Takimoto
Mikiya Takimoto, en quête d’équilibre
Photographe et chef opérateur japonais, Mikiya Takimoto explore en permanence les possibilités de l’image. Paysages silencieux...
17 avril 2025   •  
Écrit par Milena III
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Patricia Voulgaris, entre rêves et réminiscences
© Patricia Voulgaris
Patricia Voulgaris, entre rêves et réminiscences
L’artiste Patricia Voulgaris ancre sa pratique dans un dialogue entre réalité et fiction. À travers le noir et blanc, elle crée...
16 avril 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Acedia de Louise Desnos : la douceur de la paresse 
© Louise Desnos
Acedia de Louise Desnos : la douceur de la paresse 
Entre lumière suspendue et tendre mélancolie, Louise Desnos dévoile Acedia, un projet photographique au long cours, sensible et...
16 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas