Et demain ?
Le 7 janvier dernier, Fisheye avait suivi avec effroi les attaques au siège de Charlie Hebdo. En plus de l’horreur et du symbole de cet acte, nous étions touchés dans notre quotidien, Charlie était à 500 mètres de notre rédaction. Cette nuit, la barbarie s’est exprimée avec une violence décuplée et un nombre de morts qui semblent absolument hallucinant. Cette fois dans différents lieux, dont le Bataclan qui est à moins de 200 mètres du siège de Fisheye. La semaine dernière, je me disais que les fleurs et les photos en hommage à Charlie étaient en train de disparaître du boulevard Richard Lenoir. Je me demandais si cela était une bonne chose d’oublier ou une mauvaise. En moins de dix mois, tout cela semble si loin. Ce nouvel épisode nous rappelle qu’après l’horreur, il reste les images. Celles que nous verrons dans les magazines et sur Internet dans les jours à venir, celles qui défilent sur les chaînes d’informations continues, celles qui inondent nos flux Facebook ou Twitter. Tous les jours, nous allons déposer des Fisheye à la poste qui jouxte le Bataclan pour vous les envoyer. Comment oublier les corps qui ont été accumulés devant ses portes, à même le macadam, cette nuit. La bête immonde qui nous attaque cherche la médiatisation et des images qui choquent. À nous d’apporter la bonne réponse dans la solidarité, le respect des valeurs humaines et le refus de la barbarie. L’image jouera un rôle particulier dans cette lutte qui s’annonce. Ne soyons pas naïfs tout en restant lucides. Nos vies vont changer. À nous de décider dans quelle direction nous voulons construire le monde de demain. Et quelle image nous laisserons de celui d’aujourd’hui.
Benoît Baume
Directeur de la rédaction de Fisheye