19e édition des Boutographies

09 mai 2019   •  
Écrit par Eric Karsenty
19e édition des Boutographies

Plein de nouveaux travaux à découvrir au rendez-vous montpelliérain de la photographie contemporaine, les Boutographies, organisé par une équipe de bénévoles passionnés qui nous offre une programmation toujours aussi exigeante.

La nouvelle édition des Boutographies vient de s’ouvrir à Montpellier, et se tient jusqu’au 26 mai. Outre le travail de Matthieu Gafsou sur le milieu de la drogue à Lausanne, Only God Can Judge Me, présenté dans le cadre du prix échange Fotoleggendo, vous pourrez voir onze expositions en compétition, et une vingtaine de travaux en projection. Cette sélection réalisée parmi plus de 600 dossiers nous amène à découvrir diverses écritures photographiques qui questionnent, chacune à leur manière, le mode de représentation – une préoccupation récurrente de ce festival.

Le Grand Prix de cette 19e édition a été attribué à Patricia Morosan pour sa très belle série Remember Europe, qui se présente comme une « géographie émotionnelle » s’appuyant sur sept lieux qui se prétendent être le centre de l’Europe. « Je parle des centres géographiques en termes de psychogéographie et aborde le sujet de manière émotionnelle. C’est devenu à la fois un documentaire et une enquête subjective basée sur les liens entre les êtres humains et leur environnement physique », explique la photographe roumaine.

© Patricia Morosan© Patricia Morosan

© Patricia Morosan

Le jury, présidé par Laura Serani, a eu beaucoup de mal à trancher avec un autre dossier auquel a été attribué un prix spécial, il s’agit du travail de Sébastien Cuvelier, Paradise City. Une série qui prend pour origine un journal rédigé par l’oncle du photographe parti en 1971 en Iran, et Sébastien Cuvelier a décidé de mettre ses pas dans les siens. C’est lors de son premier voyage que le photographe luxembourgeois découvre Paradise City, une ville artificielle qui rassemble de nombreux paradoxes du pays. L’origine même du terme paradis a guidé l’auteur. « Le mot paradis vient du persan paridaida, “jardin emmuré, clôturé”. Je me suis dit que, pour les gens qui y habitent, l’Iran est comme un grand jardin clôturé. Tous ces jeunes que j’ai rencontrés vivent dans cette optique : ils adorent leur pays, ils sont dans leur jardin, mais soit ils veulent en sortir physiquement – aller en Europe, aux Etats-Unis, au Canada –, soit ils veulent s’échapper par des contacts avec des gens comme moi, les nouvelles technologies ou les réseaux sociaux », explique Sébastien Cuvelier.

© Sébastien Cuvelier

© Sébastien Cuvelier

Les réécritures de l’histoire

D’autres travaux remarquables qui interrogent les modes de représentation sont à découvrir aux Boutographies, comme celui d’Ulrike Hannemann dont les interventions graphiques sur des images prises dans le palais de l’Indépendance d’Hô Chi Minh-Ville – anciennement Saïgon, au Vietnam – évoquent les réécritures de l’histoire. Une manière de fusionner le passé et le présent dans un jeu qui associe réalité et fiction dans lequel la photographe « reconstitue le monde réel de l’expérience et le mets en accord avec [s]on espace de pensée ». (un portfolio à retrouver dans les pages de Fisheye 36, en kiosques à partir du 13 mai)

On ne pourra citer tous les travaux, mais il vous faudra prendre le temps de visionner la dizaine de dossiers présentés en projections (compter environ une heure), de nombreuses pépites vous y attendent, comme entre autres la série Poupées de Neus Sola, sur les jeunes filles gitanes à Perpignan, ou encore Meeting Sofie de Snezhana von Buedingen, sur une jeune fille atteinte du syndrome de Down (ou trisomie 21).

© Ulrike Hannemann© Ulrike Hannemann

© Neus Solà

© Neus Solà

Image d’ouverture © Sébastien Cuvelier

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