“Incongrue, loufoque, personnelle, graphique et humoristique”. Ce sont les adjectifs qui viennent à l’esprit de Clémentine Gras, 22 ans, lorsqu’on lui demande de décrire son travail. Malgré les hésitations, la pudeur, la jeune femme nous décrit avec justesse les idées et les sentiments qui imprègnent les clichés de son projet “365 sans visage». Car depuis 206 jours, Clémentine réalise une mise en scène par jour.
“L’idée principale, c’est de se dévoiler sans vraiment se montrer. La personnalité, ça ne se devine pas sur un visage.”
C’est un projet d’école (Clémentine a suivi un BTS en Design Graphique et suit actuellement un BEP en photo) que la photographe s’est rapidement approprié: “Je me suis prise au jeu au fur et à mesure et, progressivement, j’ai consacré davantage de temps à la construction de mes images.” Elle précise: “C’est très vite devenu des autoportraits parce que c’est plus simple et plus rapide à réaliser.”
Clémentine se met en scène avec beaucoup d’auto-dérision et de spontanéité. Une idée lui vient en tête et en 20 minutes, la photo est prise: “Je l’avoue, parfois je perds patience quand je ne parviens pas à faire ce je veux. Ça peut aussi prendre deux heures. Du coup je demande au petit frère de m’aider.” Autre contrainte: “Je ne travaille qu’avec la lumière du jour, plus douce, plus naturelle. Du coup en décembre j’ai eu quelques difficultés, parce qu’il faisait nuit très tôt ce qui me laissait peu de temps pour réaliser une image.”
Inspirée par des figures comme Guy Bourdin ou Isabelle Chapuis, Clémentine se nourrit aussi beaucoup du travail d’artistes qui s’exposent sur le Net. Avant d’ajouter timidement: “Puis bon, c’est aussi la vie, le quotidien qui m’inspirent.”
Mystérieuse “moi”
Partant du principe que l’on ne connaît jamais vraiment quelqu’un, Clémentine joue sur l’anonymat, se cache le visage tout en se mettant en scène. Son environnement devient le théâtre de ses émotions, qu’elle cherche à exprimer à travers l’objectif: “un peu comme une thérapie, oui».
Elle évoque par exemple l’image n°177, dans laquelle elle aligne une série de coquillettes: “Je suis une vraie fainéante ! Mais ce que mon entourage sait un peu moins, c’est que j’ai aussi un côté très maniaque. Je l’ai laissé s’exprimer dans cette photo.”
Idem dans la photo baptisée “Ma mer me manque” (n°170) pour laquelle elle a fait poser son frère. C’est ici une délicate attention à une grand-mère disparue, aux origines bretonnes et plus largement à la famille, subtilement exposés.
Si elle pense déjà à l’après (éditer un livre ou monter une expo…), s’il arrive qu’elle se lasse un peu, parfois, de ces autoportraits, Clémentine est bien dans ce projet, “parce qu’il me fait grandir, mûrir, aussi bien dans ma démarche photographique que dans le graphisme”. Clémentine a su développer un style, une cohérence qui augurent déjà d’un bel avenir artistique.
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Toutes les photos de Clémentine sont à retrouver sur Tumblr, Flickr et Facebook.