Convaincu que les émotions ont leurs mots à dire, le photographe Andrei Furnea nous ouvre les portes de son monde intérieur. Il révèle dans On my way to somewhere else un espace d’apprentissages et de rencontres où le visible et l’invisible se côtoient avec naturel.
« Je suis devenu photographe au moment où j’ai réalisé que la lumière – comparée aux mots – est infinie. J’ai écrit des poèmes. Il m’arrive encore d’en rédiger, mais seulement lorsque mon boîtier est en charge », annonce celui qui se décrit comme un gamin du milieu des années 1980, ayant grandi avec des cassettes et des écrans pixelisés. « Enfant, mes rêves avaient des couleurs néon et un goût de chewing-gum bon marché, ajoute Andrei Furnea. Aujourd’hui, je suis en perpétuelle navigation vers l’équilibre délicat de la vie : d’un côté, le monde concret avec sa force inflexible, et de l’autre, celui plus éthéré où les émotions ont leur mot à dire ». L’artiste s’est lancé un défi de taille : capturer tout ce que les mots ne peuvent pas complètement décrire. Et selon lui, le 8e art possède un pouvoir émotionnel unique : « la photographie fige les moments, capture l’essence de l’expérience humaine, évoque l’empathie tout en transcendant les barrières linguistiques ». L’auteur ne se réclame d’aucun courant photographique particulier, il préfère explorer et élargir les horizons créatifs. « Je dirais qu’en ce moment je suis attiré par le réalisme candide, la narration en couleur, le commentaire social et l’interaction humaine », précise-t-il. Ici, une silhouette, là, une ombre et puis, plus loin, un garçon, qui, comme tant d’autres s’envole vers les vagues. Andrei Furnea cherche la poésie dans le quotidien ordinaire et s’éprend du non-familier.
Odyssée intime
En capturant le monde qui l’entoure, le photographe initie comme un voyage initiatique, une quête spirituelle et personnelle. En témoigne sa série On my way to somewhere else. Dans cette « odyssée intime », il se dévoile et interroge la notion d’identité. « Chaque image est une étoile, un fragment lumineux de mon récit, assemblé en une constellation d’observations de sois ». En parcourant ses images, on pourra peut-être croiser un mathématicien et poète à la retraite dans le pub d’un petit village – le « futur moi » de l’auteur – ou un cheval sans tête (ci-dessous, ndlr). Quand il s’exprime sur cette curieuse photo, il avoue sans trop de difficulté son rapport à lui-même. « Lorsque cette image m’a découverte (car ce n’est pas l’inverse), j’ai aperçu comme une énigme. Cette apparition, reflet de mon propre chemin, galope à travers les paysages de mon monde intérieur. Le cheval sans cavalier symbolise l’autonomie et l’autodirection. Sa présence signifie que le chemin de la découverte de soi est souvent solitaire ». Qu’elles soient farfelues ou sombres, ses images rappellent la force de nos intuitions, et invitent à utiliser nos émotions comme une boussole. « En explorant ce travail, puissiez-vous repérer vos propres constellations dans le ciel nocturne de votre âme, qu’elles vous guident dans votre propre voyage cosmique… », conclut celui qui n’hésite point à briser certains miroirs en cours de route.