Andrei Furnea : quand les mots ne suffisent plus

05 janvier 2024   •  
Écrit par Anaïs Viand
Andrei Furnea : quand les mots ne suffisent plus
© Andrei Furnea
© Andrei Furnea

Convaincu que les émotions ont leurs mots à dire, le photographe Andrei Furnea nous ouvre les portes de son monde intérieur. Il révèle dans On my way to somewhere else un espace d’apprentissages et de rencontres où le visible et l’invisible se côtoient avec naturel.

« Je suis devenu photographe au moment où j’ai réalisé que la lumière – comparée aux mots – est infinie. J’ai écrit des poèmes. Il m’arrive encore d’en rédiger, mais seulement lorsque mon boîtier est en charge », annonce celui qui se décrit comme un gamin du milieu des années 1980, ayant grandi avec des cassettes et des écrans pixelisés. « Enfant, mes rêves avaient des couleurs néon et un goût de chewing-gum bon marché, ajoute Andrei Furnea. Aujourd’hui, je suis en perpétuelle navigation vers l’équilibre délicat de la vie : d’un côté, le monde concret avec sa force inflexible, et de l’autre, celui plus éthéré où les émotions ont leur mot à dire ». L’artiste s’est lancé un défi de taille : capturer tout ce que les mots ne peuvent pas complètement décrire. Et selon lui, le 8e art possède un pouvoir émotionnel unique : « la photographie fige les moments, capture l’essence de l’expérience humaine, évoque l’empathie tout en transcendant les barrières linguistiques ». L’auteur ne se réclame d’aucun courant photographique particulier, il préfère explorer et élargir les horizons créatifs. « Je dirais qu’en ce moment je suis attiré par le réalisme candide, la narration en couleur, le commentaire social et l’interaction humaine », précise-t-il. Ici, une silhouette, là, une ombre et puis, plus loin, un garçon, qui, comme tant d’autres s’envole vers les vagues. Andrei Furnea cherche la poésie dans le quotidien ordinaire et s’éprend du non-familier.

© Andrei Furnea
© Andrei Furnea
© Andrei Furnea

Odyssée intime

En capturant le monde qui l’entoure, le photographe initie comme un voyage initiatique, une quête spirituelle et personnelle. En témoigne sa série On my way to somewhere else. Dans cette « odyssée intime », il se dévoile et interroge la notion d’identité. « Chaque image est une étoile, un fragment lumineux de mon récit, assemblé en une constellation d’observations de sois ». En parcourant ses images, on pourra peut-être croiser un mathématicien et poète à la retraite dans le pub d’un petit village – le « futur moi » de l’auteur – ou un cheval sans tête (ci-dessous, ndlr). Quand il s’exprime sur cette curieuse photo, il avoue sans trop de difficulté son rapport à lui-même. « Lorsque cette image m’a découverte (car ce n’est pas l’inverse), j’ai aperçu comme une énigme. Cette apparition, reflet de mon propre chemin, galope à travers les paysages de mon monde intérieur. Le cheval sans cavalier symbolise l’autonomie et l’autodirection. Sa présence signifie que le chemin de la découverte de soi est souvent solitaire ». Qu’elles soient farfelues ou sombres, ses images rappellent la force de nos intuitions, et invitent à utiliser nos émotions comme une boussole. « En explorant ce travail, puissiez-vous repérer vos propres constellations dans le ciel nocturne de votre âme, qu’elles vous guident dans votre propre voyage cosmique… », conclut celui qui n’hésite point à briser certains miroirs en cours de route.

© Andrei Furnea
© Andrei Furnea
© Andrei Furnea
Explorez
Sarah Bahbah : écran d’intimité
© Sarah Bahbah
Sarah Bahbah : écran d’intimité
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les missives intimes de Julian Slagman
A Bread with a Sturdy Crust, de la série A Failed Attempt to Photograph Reality © Julian Slagman
Les missives intimes de Julian Slagman
Avec A Failed Attempt to Photograph Reality Julian Slagman compose des lettres personnelles qui mêlent des images monochromes et des...
17 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #537 : bandes de copines
© Natural Johnson / Instagram
La sélection Instagram #537 : bandes de copines
Dans notre sélection Instagram de la semaine, les artistes célèbrent l’amitié féminine et la sororité. Sur leurs photographies, des...
16 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Italie, Sicile, Taormine, 1981 © Raymond Depardon / Magnum Photos
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Après huit mois de travaux pour rénovation, le Pavillon populaire de Montpellier rouvre ses portes. À cette occasion, le musée...
10 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sarah Bahbah : écran d’intimité
© Sarah Bahbah
Sarah Bahbah : écran d’intimité
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les missives intimes de Julian Slagman
A Bread with a Sturdy Crust, de la série A Failed Attempt to Photograph Reality © Julian Slagman
Les missives intimes de Julian Slagman
Avec A Failed Attempt to Photograph Reality Julian Slagman compose des lettres personnelles qui mêlent des images monochromes et des...
17 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
26 séries de photographies qui capturent l'hiver
Images issues de Midnight Sun (Collapse Books, 2025) © Aliocha Boi
26 séries de photographies qui capturent l’hiver
L’hiver, ses terres enneigées et ses festivités se révèlent être la muse d’un certain nombre de photographes. À cette occasion, la...
17 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Martin Parr : des photographes de Bristol lui rendent hommage
© Fabrice Laroche
Martin Parr : des photographes de Bristol lui rendent hommage
Consciemment ou non, des photographes du monde entier travaillent sous l’influence de Martin Parr. Mais pour la communauté photographique...
16 décembre 2025   •  
Écrit par Thomas Andrei