Avec sa série Ashes of the Arabian’s Pearl actuellement exposée, dans le cadre du Prix Satellite à Nice, Valentin Valette lève le voile sur le sultanat d’Oman. Ses images couleurs de sable et baignées de la lumière du désert dressent un portrait contrasté de cette pétromonarchie du Golfe, entre vestiges du passé et défis économiques à venir.
Les constructions nouvelles aux lignes abruptes tranchent dans ces paysages arides et rocailleux. Tout comme les regards sûrs des entrepreneurs omanais contrastent avec les corps fatigués des travailleurs immigrés d’Inde, du Pakistan ou du Bangladesh venant bâtir le rêve de la nation. Entre 2021 et 2023, Valentin Valette, photographe et doctorant en anthropologie visuelle, s’est intéressé au développement économique et à l’aménagement du territoire du sultanat d’Oman. Son projet pluridisciplinaire combine des archives (lettres de démission, visas annulés, rapports médicaux, fiches de paie, régimes alimentaires, etc.), des enregistrements sonores, des objets trouvés dans des camps de travail abandonnés (outils de travail, vêtements, cartes, etc.), et un corpus photographique moyen format. « J’aborde les objets, intimes ou ordinaires, comme des éléments pertinents et aptes à appréhender des situations complexes. Tous ces outils deviennent parties prenantes d’une méthodologie de recherche que je convoque dans ma pratique artistique et scientifique » développe-t-il.
Une période de transition
Ashes of the Arabian’s Pearl se situe au cœur d’une période de transition monarchique, entre le règne du très populaire sultan Qābūs, marqué par une croissance économique inégalée, et la reprise du pouvoir, depuis 2020, par son cousin, l’actuel sultan Haitham, qui doit faire face au besoin pressant de diversification économique alors que les ressources pétrolières et gazières s’amenuisent. Au-delà du pays, c’est « tout le Golfe persique qui se trouve ainsi au cœur de nombreux enjeux globaux : mondialisation, migration de travail internationale, changement climatique, raréfaction des ressources, développement durable et préservation des cultures locales » analyse le photographe. Après ce premier chapitre d’un vaste projet, Valentin Valette souhaite poursuivre ses investigations dans la région, toujours porté par ces questionnements sur les processus mémoriels et les phénomènes de déplacement.