Au coeur de la conscience de Romain Urhausen

Au coeur de la conscience de Romain Urhausen

Exposée aux Douches La Galerie jusqu’au 27 mai 2023 aux côtés des clichés de Jean-Claude Gautrand, l’œuvre de Romain Urhausen, Une conscience subjective, oscillant entre recherche formelle et interprétation poétique à travers des images en noir et blanc. Une représentation de sa vision du monde tout en dualité qui questionne la subjectivité de chacun.

Une sensation troublante parfois dérangeante se dégage des tirages de Romain Urhausen. Un style singulier à mi-chemin entre humanisme français et subjectivité allemande, nous entraine dans un univers étrange, entre réel et imaginaire. Des corps nus, des paysages, des objets du quotidien, la représentation de ce qui constitue la vie dans son ensemble guide les créations du luxembourgeois. Un appel au voyage grâce à des images éclectiques devenues difformes par l’utilisation de la solarisation (technique qui inverse les polarités et accentue les contrastes de nuance, ndlr). On retrouve aussi la patte de l’architecte qu’il a été dans ses compositions.

Élève d’Otto Steiner, grand maître de la photographie subjective allemande, Romain Urhausen se rapproche plus de l’école germanique que de l’éducation française humaniste, bien qu’il en mélange les codes. Il se joue de la lumière, expérimente à même la photographie en grattant ses tirages pour brouiller la perception de ce qu’il capture. Sa créativité laisse libre, à chacun·e, d’en interpréter la signification. D’un quotidien lambda, il voit plus loin. Sublimé à travers son regard, le corps nu se dévoile poétiquement, qu’il soit flou, inspiré d’œuvre de Gerhard Richter ou brouillé par des jeux de lumière, des expérimentations à la recherche du détail.

© Estate Jean-Claude Gautrand / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

© Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

© Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris© Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

© Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

Liés par leur art

Une conscience subjective de Romain Urhausen est présentée aux Douches La Galerie jusqu’au 27 mai 2023 dans une double exposition aux côtés de L’assassinat des Baltard de Jean-Claude Gautrand. Une quinzaine de photographies de l’artiste français nous transporte dans un monde des années 1970 qui n’est plus, grâce à l’immortalisation de la destruction des Halles de l’architecte Baltard. Les clichés en noir et blanc nous confrontent au temps destructeur et à ses mutations. Outre leur attrait pour la photographie subjective sous l’influence d’Otto Steiner, cette combinaison des deux artistes n’est pas anodine. Romain Urhausen a, lui aussi, immortalisé les Halles avant leur destruction avec une mise en lumière unique sur la vie qui s’y écoulait, un travailleur en plein exercice de son métier, des étales regorgeant de produits diverses… Une approche différente pour une même finalité : celle de ne pas oublier.

© Estate Jean-Claude Gautrand / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris.© Estate Jean-Claude Gautrand / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris.

© Estate Jean-Claude Gautrand / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

© Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

© à g. Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris, © à d. Estate Jean-Claude Gautrand / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris.

Photo d’ouverture : © Estate Romain Urhausen / Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

Explorez
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
© Katrin Koenning, between the skin and sea / Courtesy of the artist and Chose Commune
Katrin Koenning et le deuil partagé du vivant
Photographe établie en Australie, Katrin Koenning signe between the skin and sea, un livre bouleversant paru chez Chose Commune en 2024....
27 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
La sélection Instagram #508 : jeux de mains
@ Zoé Schulthess / Instagram
La sélection Instagram #508 : jeux de mains
Lien entre soi et le monde, la main suscite un intérêt immuable dans le domaine des arts. Les photographes de notre sélection Instagram...
27 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Êtes-vous triste ? : Sophie Calle au Mrac Occitanie
© Sophie Calle
Êtes-vous triste ? : Sophie Calle au Mrac Occitanie
Jusqu’au 21 septembre 2025, le Mrac Occitanie à Sérignan accueille l’exposition Êtes-vous triste ?, une exploration délicate de l’univers...
24 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
Made in Hong Kong, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Les images de la semaine du 26 mai 2025 : un autre regard sur le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye rendent hommage à Sebastião Salgado, évoquent le deuil, les déchets des...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
© Annie Leibovitz
Les yeux dans les yeux, portraits de la collection Pinault
À l’occasion de la cinquième édition d’Exporama, la Collection Pinault fait halte à Rennes avec une exposition magistrale sur le...
31 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Le  7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
© Omar Victor Diop
Le 7 à 9 de CHANEL, les visages pluriels d’Omar Victor Diop
Troisième invité du cycle "Le 7 à 9 de CHANEL", le photographe sénégalais Omar Victor Diop a offert au public du Jeu de Paume un moment...
30 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Love, de la série Huá biàn © Agathe Veidt
Huá biàn : quand la musique se rebelle
Agathe Veidt saisit la fête et les chants de révolte au cœur d’une boîte de nuit de renom à Shenzhen. De retour en France, elle tricote...
29 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger