Cette semaine, Brigitte Patient découvre deux expositions. Histoire de prostitution, Paris 1976-1979 de Jane Evelyn Atwood, à la Maison de la photographie Robert Doisneau, et I know why the rebel sings, dédiée à Newsha Tavakolian à La Filature.
La Maison de la photographie Robert Doisneau, à Gentilly, accueille Histoire de prostitution, Paris 1976-1979, une exposition de Jane Evelyn Atwood. Cette grande femme de la photographie explore, dans son travail, des univers de souffrance, de violence : la prostitution, la prison le SIDA, les femmes battues… Avec une grande sensibilité, elle invite le regardeur à pénétrer avec elle dans cet univers.
Dans les années 1970, Jane Evelyn Atwood n’est pas encore photographe. Habitant à Paris, elle écume les vernissages, à la recherche de modèles intéressants. « Mais je croisais surtout des gens ennuyeux », précise-t-elle. Elle rencontre finalement une femme qui la guide jusqu’au 19 rue des Lombards, un bordel parisien. Là-bas, elle fait la connaissance de Blondine, une prostituée. « À l’époque, elle était très belle, la tête rasée, mais très blonde. De grands yeux… Elle fumait sans arrêt et avait une poitrine si généreuse que l’on avait envie de plonger dedans », raconte l’auteure. C’est par l’intermédiaire de Blondine qu’elle découvre Barbara, une des transgenres de Pigalle.
Divisée en deux parties – Rue des Lombards, retraçant les années 1976-1977, et Pigalle People couvrant 1978 et 1979, l’exposition donne à voir les séries de jeunesse de Jane Evelyn Atwood dans un univers poignant. Drogues, maladies, sexe… Les femmes de ses images agrippent le regard et immergent le spectateur dans un univers sombre et palpitant.
© Jane Evelyn Atwood
Raconter l’histoire de manière métaphorique
Direction ensuite La Filature, située à Mulhouse. La galerie présente, jusqu’au 17 février, le travail d’une jeune photographe iranienne, née en 1981 : Newsha Tavakolian. Associée à Magnum Photos depuis 2017, la photographe s’inscrit dans la lignée des artistes persans qui contournent les interdits pour créer. Emmanuelle Hascoët, responsable des expositions chez Magnum Photos, revient sur le parcours de Newsha Tavakolian. « Elle a commencé la photographie à 16 ans, en tant que photojournaliste en Iran. Aujourd’hui elle travaille pour les grands quotidiens internationaux, comme le Times ou encore Le Monde, précise-t-elle. Elle raconte l’histoire de son pays de manière métaphorique, en se dirigeant vers des formes plus artistiques que documentaires ».
Dans Listen, une de ses séries, la photographe a travaillé avec des chanteuses iraniennes. Depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit d’être solistes. Réunies clandestinement, celles-ci se sont imaginé chanter devant une foule, enfin sous les projecteurs. Un projet tout en sensibilité.
Image d’ouverture : © Jane Evelyn Atwood