Au micro de « Regardez voir » #79

30 janvier 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Au micro de « Regardez voir » #79

Cette semaine, Brigitte Patient découvre deux expositions. Histoire de prostitution, Paris 1976-1979 de Jane Evelyn Atwood, à la Maison de la photographie Robert Doisneau, et I know why the rebel sings, dédiée à Newsha Tavakolian à La Filature.

La Maison de la photographie Robert Doisneau, à Gentilly, accueille Histoire de prostitution, Paris 1976-1979, une exposition de Jane Evelyn Atwood. Cette grande femme de la photographie explore, dans son travail, des univers de souffrance, de violence : la prostitution, la prison le SIDA, les femmes battues… Avec une grande sensibilité, elle invite le regardeur à pénétrer avec elle dans cet univers.

Dans les années 1970, Jane Evelyn Atwood n’est pas encore photographe. Habitant à Paris, elle écume les vernissages, à la recherche de modèles intéressants. « Mais je croisais surtout des gens ennuyeux », précise-t-elle. Elle rencontre finalement une femme qui la guide jusqu’au 19 rue des Lombards, un bordel parisien. Là-bas, elle fait la connaissance de Blondine, une prostituée. « À l’époque, elle était très belle, la tête rasée, mais très blonde. De grands yeux… Elle fumait sans arrêt et avait une poitrine si généreuse que l’on avait envie de plonger dedans », raconte l’auteure. C’est par l’intermédiaire de Blondine qu’elle découvre Barbara, une des transgenres de Pigalle.

Divisée en deux parties – Rue des Lombards, retraçant les années 1976-1977, et Pigalle People couvrant 1978 et 1979, l’exposition donne à voir les séries de jeunesse de Jane Evelyn Atwood dans un univers poignant. Drogues, maladies, sexe… Les femmes de ses images agrippent le regard et immergent le spectateur dans un univers sombre et palpitant.

© Jane Evelyn Atwood

© Jane Evelyn Atwood

© Jane Evelyn Atwood

Raconter l’histoire de manière métaphorique

Direction ensuite La Filature, située à Mulhouse. La galerie présente, jusqu’au 17 février, le travail d’une jeune photographe iranienne, née en 1981 : Newsha Tavakolian. Associée à Magnum Photos depuis 2017, la photographe s’inscrit dans la lignée des artistes persans qui contournent les interdits pour créer. Emmanuelle Hascoët, responsable des expositions chez Magnum Photos, revient sur le parcours de Newsha Tavakolian. « Elle a commencé la photographie à 16 ans, en tant que photojournaliste en Iran. Aujourd’hui elle travaille pour les grands quotidiens internationaux, comme le Times ou encore Le Monde, précise-t-elle. Elle raconte l’histoire de son pays de manière métaphorique, en se dirigeant vers des formes plus artistiques que documentaires ».

Dans Listen, une de ses séries, la photographe a travaillé avec des chanteuses iraniennes. Depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit d’être solistes. Réunies clandestinement, celles-ci se sont imaginé chanter devant une foule, enfin sous les projecteurs. Un projet tout en sensibilité.

Image d’ouverture : © Jane Evelyn Atwood

Explorez
La sélection Instagram #512 : amour censure, amour sincère
© Aniela Kurkiewicz / Instagram
La sélection Instagram #512 : amour censure, amour sincère
« Il n’y pas d’amour censure, il n’y a que d’l’amour sincère », chante Hoshi. Peut-être ces paroles rythmeront-elles la marche des...
24 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
23 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Raymond Depardon, l’éloge du passage
© Raymond Depardon
Raymond Depardon, l’éloge du passage
La Galerie Magnum présente Raymond Depardon : Passages, une rétrospective visible jusqu'au 26 juillet 2025. À travers une...
18 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
PMA : Valentine de Villemeur et son combat pour être mère
© Valentine de Villemeur
PMA : Valentine de Villemeur et son combat pour être mère
Dans I’ve Always Wanted to Be a Mom, Valentine de Villemeur se livre pour la première fois à une approche autobiographique. Comme son...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La FUJIKINA Arles, quand l'art rencontre la technique
© Gregory Halpern / Magnum Photos
La FUJIKINA Arles, quand l’art rencontre la technique
Du 8 au 12 juillet 2025, la FUJIKINA, manifestation mondiale autour de la culture photographique créée par Fujifilm, revient pour une 2e...
24 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #512 : amour censure, amour sincère
© Aniela Kurkiewicz / Instagram
La sélection Instagram #512 : amour censure, amour sincère
« Il n’y pas d’amour censure, il n’y a que d’l’amour sincère », chante Hoshi. Peut-être ces paroles rythmeront-elles la marche des...
24 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
23 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet