Cette semaine, Brigitte Patient découvre deux expositions : 40 ans après. La photographie au Cambodge, à la Filature de Mulhouse, et Scène, du photographe italien Alex Majoli, au Bal.
La Filature, scène nationale de Mulhouse, présente 40 ans après. La photographie au Cambodge aujourd’hui. Sous le commissariat de Christian Caujolle, fondateur du festival Photo Phnom Penh et passionné du Cambodge, l’exposition donne à voir la scène contemporaine de ce pays d’Asie du sud-est.
Le 17 avril 1975, les soldats khmers rouges sont entrés dans Phnom Penh, et, en trois jours, ont vidé la ville, alors habitée par un million et demi de personnes. Un événement tragique, ayant marqué tous les photographes exposés à Mulhouse. Parmi eux se trouve Mak Remissa, qui avait alors cinq ans. Le photographe construit des scènes émouvantes en papier découpé, illustrations de ses vagues souvenirs du passé. Philong Sovan, quant à lui, éclaire à l’aide du phare de sa moto les personnages et les scènes de la vie nocturne cambodgienne. Tous deux sont accompagnés des artistes Sophal Neak, Ti Tit et Sokchanlina Lim, dont les œuvres sont également présentes sur les murs de la Filature.
© Mak Remissa
© Philong Sovan
Le monde est une scène
Direction le Bal, à Paris, qui accueille Scène, une exposition d’Alex Majoli, photographe italien membre de Magnum Photos. L’événement retrace l’expérimentation photographique de l’auteur, commencée en 2010. « Il installe une sorte de studio ambulant à l’extérieur, et, sans communiquer avec ses modèles, les photographie à l’aide d’un flash puissant », explique Diane Dufour, directrice du Bal, et commissaire de l’exposition.
Inspiré par la peinture et le théâtre d’avant-garde italien, le photographe interroge son public : comment un artiste représente le monde ? Peut-on théâtraliser de cet acte ? Doit-on représenter la fiction ou le réel ? « Alex Majoli renouvelle la forme photographique et expérimente. Il regarde le monde avec un procédé particulier, et fait honneur à la citation de Shakespeare : “le monde est une scène” », précise Diane Dufour. Une exposition captivante, qui joue avec les perceptions du spectateur.
© Alex Majoli / Magnum Photos