Ce soir, au studio Frank Horvat, a été révélé le 11e lauréat du Prix de la photographie Caméra Clara : Baptiste Rabichon. Ce prix, crée en 2012 par Joséphine de Bodinat-Moreno et mis en œuvre par Audrey Bazin, directrice artistique, récompense chaque année un travail photographique à la chambre d’un artiste contemporain.
Si Baptiste Rabichon, photographe expérimental, lauréat 2017 du prix BMW Art&Culture à l’École des Gobelins, exploite généralement à la fois des outils numériques modernes (scanners, rayon X) et des procédés anciens (photogrammes, cyanotypes, sténopés), il s’est donc approprié, pour son geste Mother’s room, la technique de la photographie à la chambre.
La chambre en perspectives
La suite de photographie Mother’s room de Baptiste Rabichon nous plonge dans nos souvenirs d’enfance et ces instants privilégiés, quand, la tête renversée en dehors du lit, nous laissions mollement flotter notre imagination. Par ces clichés silencieux, aux teintes douces, l’on se remémore aisément nos yeux fixés sur les plafonds pâles, au vide engloutissant, si propice à la rêverie. Ici, l’utilisation de la chambre photographique grand format, à l’ère de l’instantané qui est celle du numérique, se fait ode à la lenteur. Elle implique la pose, la respiration, la patience réflexive de l’élaboration. Tout discours s’efface au profit de la réminiscence, de la contemplation d’un moment paisible qui semble évanescent.
Dans ses photographies, de nouvelles perspectives se dessinent et guident nos yeux vers des obliques étonnantes. L’artiste élabore une poésie du recoin, en déplaçant les angles des murs et des plafonds sur le devant de la scène. Par cette architecture décentrée, le regard est amené ailleurs, dans des compositions quasi picturales, d’une grande sobriété, aux couleurs vibrantes. Alors que les fonds de placard évoquent aussi cette beauté des replis, les couloirs lumineux et les portes ouvertes introduisent des issues, de nouveaux points de « fuite », par lesquels l’esprit, et le regard, qui buttaient sur ces angles, brûlent de s’échapper.
© Baptiste Rabichon