

« Il y a quelques années, ma sœur m’a demandé pourquoi je préférais photographier des personnes âgées plutôt que des jeunes. À l’époque, je ne savais pas quoi répondre, alors j’ai attendu. Puis j’ai compris que je prenais en photo des personnes âgées parce que je me sentais comme elles : oubliées, fragiles et chétives. Pourtant, grâce à la lumière, sous l’œil de l’objectif, iels n’étaient plus vieux et vieilles, et moi aussi j’ai cessé de me sentir vieille », déclare Camilla Piana. L’ensemble de la pratique artistique de cette jeune artiste italienne, à la trentaine passée, se situe dans cet espace que la lumière éclaire, clarifie, élève et ramène à la vie. Ses sujets appartiennent au quotidien, et représentent les grandes questions qui s’y cachent. Aux allures cinématographiques, ses clichés sont faits de ce qu’elle déclare aimer le plus au monde : « l’attente, le silence, les surprises ». Venus d’un autre temps, ils s’inspirent des cadres d’Alfred Hitchcock, précis et mystérieux, ou encore de la couleur passionnelle des plans de Pedro Almodóvar. Avec son appareil Rolleiflex 6X6, avec lequel l’artiste se promène depuis plus de dix ans, elle photographie exclusivement en couleur et en grand format – à la mesure de la majesté qu’elle tente de trouver en chaque scène et chaque détail. « Mon âme et ma photographie ont toujours été en recherche d’un mouvement opposé à la gravité. Un élan ascensionnel, de lévitation, qui pousse le monde du bas vers le haut. » Ce n’est donc sans doute pas un hasard si c’est aussi de cette manière que Camilla Piana capture la plupart de ses images – du bas vers le haut.












