«Ce qui m’intéresse, c’est le détail»

03 juillet 2018   •  
Écrit par Elodie Lenhardt
«Ce qui m'intéresse, c’est le détail»

Patricia Combacal écrit des histoires avec des images. Sa série Décillement évoque les moments de prise de conscience aigüe, et le trouble qui s’en suit, rencontrés notamment au cours d’une psychanalyse.

Fisheye : Comment la photographie est-elle entrée dans ta vie ?

Patricia Combacal : J’ai commencé au collège à prendre en photo des détails, des fragments de corps, et à faire des portraits de mes proches avec un petit Olympus. Je me suis ensuite éloignée de la photographie pendant plusieurs années, pour y revenir lors d’un voyage au Vietnam. C’était il y a dix ans, nous partions à l’aventure avec des amis et ils me poussaient à racheter un appareil photo, pour faire les images. Je me refusais totalement de le faire, me disant que ça faisait vraiment trop cliché, le groupe de copains qui part en road trip en Asie du Sud-Est. Et la veille du départ, j’ai craqué et je suis allée acheter un compact numérique. j’ai pris 2000 photos pendant le voyage. Au retour, j’ai intégré un atelier municipal de photographie à Toulouse, je voulais pouvoir faire quelque chose de ces images.

Quel rapport entretiens-tu avec ce médium ?

La photographie pour moi, c’est un manière d’écrire. Je la pratique de cette façon-là. Une série réussie, je peux la comparer à un rébus, un roman. Il peut y avoir dans une série une séquence plus resserrée qui pourrait faire penser à une phrase un peu plus forte. Parfois aussi c’est une photographie un peu symboliste, comme de la poésie. Je photographie des détails. Dans la vie, c’est ça que je vois, c’est ce qui m’intéresse. Je suis psychanalyste pour enfants et ortophoniste, dans ces métiers aussi, ce qui importe, ce sur quoi l’on va se focaliser pour travailler, c’est le détail. C’est une concentration qui parle de quelque chose de plus grand.

© Patricia Combacal© Patricia Combacal

Que signifie Décillement ?

Je suis partie de ce trouble que l’on peut ressentir pendant les moments de prise de conscience un peu violente, voire douloureuse. Ce sont des choses que j’ai rencontrées au cours de ma psychanalyse personnelle. Ces moments compliqués, mais qui sont également un tremplin vers autre chose, qui initient une métamorphose. Décillement, c’est ça. C’est prendre conscience de quelque chose, de manière violente.

Comment est née la série ?

Avant de réaliser la série, je l’ai écrite. La toute première image que j’ai imaginée, c’est la dernière de la série. C’est un photomontage, un crâne superposé sur un visage de jeune femme. Cette image parle de la prise de conscience de la prise d’âge, c’est une forme de vanité. A partir de là, tout ce que je voulais représenter s’est rassemblé. La difficulté de communiquer entre mère et fille, le deuil, le cauchemar… et tous les éléments essentiels qui parlent des mouvements de la psyché mais qui ne sont pas lisibles d’emblée. C’est ce que je veux représenter, mais si ce n’est pas compris comme ça, ce n’est pas ça qui m’importe. Il n’y a pas d’indication de lecture.

© Patricia Combacal

© Patricia Combacal© Patricia Combacal

© Patricia Combacal

© Patricia Combacal© Patricia Combacal

© Patricia Combacal

© Patricia Combacal© Patricia Combacal
© Patricia Combacal© Patricia Combacal
© Patricia Combacal© Patricia Combacal

 © Patricia Combacal

Explorez
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Italie, Sicile, Taormine, 1981 © Raymond Depardon / Magnum Photos
Extrême Hôtel : voyage dans l’œuvre intime et colorée de Raymond Depardon
Après huit mois de travaux pour rénovation, le Pavillon populaire de Montpellier rouvre ses portes. À cette occasion, le musée...
10 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Twist : les basculements du regard de Grade Solomon
© Grade Solomon
Twist : les basculements du regard de Grade Solomon
Grâce à l'impression risographie, Grade Solomon raconte les formes de vie et les états d’âme dans ce qu’ils ont de familier et de...
09 décembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Kincső Bede : Déshéritée
© Kincső Bede
Kincső Bede : Déshéritée
Dans son livre Porcelain and Wool, Kincső Bede se réapproprie son identité transverse par des objets, des lieux et des tissus de la...
04 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
© Lena Kunz
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
La revue Mouche, qui fait dialoguer le 8e art avec la poésie depuis quatre ans, lance sa maison d’édition Mouche Books avec comme premier...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Grégoire Beraud et les terres colorées de l'Amazonie
Kipatsi © Grégoire Beraud
Grégoire Beraud et les terres colorées de l’Amazonie
Dans sa série Kípatsi, réalisée dans l’Amazonie péruvienne, Grégoire Beraud met en lumière la communauté Matsigenka, sa relation à la...
13 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Julie Jones © Agnès Geoffray
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Le conseil d’administration de la Maison européenne de la photographie vient de révéler le nom de sa nouvelle directrice : il s’agit de...
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
4 livres photo, signés Fisheye Éditions, à (s’)offrir à Noël
© Boby
4 livres photo, signés Fisheye Éditions, à (s’)offrir à Noël
Offrir un ouvrage à Noël est toujours une belle manière d’ouvrir des portes sur de nouveaux univers. À cet effet, nous avons...
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet