Charles-Henry Bédué : « L’Amour monstre »

05 novembre 2020   •  
Écrit par Eric Karsenty
Charles-Henry Bédué : « L’Amour monstre »

Cadrages serrés, couleurs saturées, paysages délabrés, corps fragmentés… L’Amour monstre selon Charles-Henry Bédué nous entraîne dans un monde incertain, gorgé de folie et d’énergie. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

Commencée sur la côte Ouest des États-Unis, cette série hallucinée traduit « la violence sauvage » ressentie par celui qui se sent « en état de découverte permanente ». Le photographe toulousain né en 1980 et formé à l’école Penninghen, à Paris, a toujours cherché à sortir de sa zone de confort, et l’expérience du voyage – en Chine notamment –, lui a énormément ouvert l’esprit, précise-t-il. Inspiré par le milieu du spectacle après une collaboration avec l’Opéra de Paris en 2017, le photographe est attiré par les artistes de scène, et ses rencontres avec les marginaux croisés à Las Vegas en octobre, puis à Los Angeles durant le confinement, lui ont permis de poursuivre ses images qu’il considère « comme des fragments psychiques ». Avec, en particulier, d’étonnants portraits dont la présence crève l’écran. « C’est le regard qui m’importe le plus dans le visage, pointe l’auteur. J’ai l’impression qu’un regard ne peut pas mentir. »

© Charles-Henry Bédué© Charles-Henry Bédué

Visions de rêve et de cauchemar

Dans la galaxie de Charles-Henry Bédué, on trouve le psychiatre Carl Gustav Jung, dont l’œuvre, explique le photographe, a inspiré ses jours et ses nuits et imprègne tout son travail. « Avec notamment sa grande idée que
nos inconscients se rejoindraient dans leur profondeur dans un inconscient collectif, sorte de tronc commun de l’âme de l’humanité ». Il faut aussi compter William Eggleston, qui lui révèle son rapport à la couleur, et Saul Leiter pour la rigueur de ses cadrages. Un autre Américain, le réalisateur David Lynch, a profondément irrigué son regard par ses visions de rêve et de cauchemar. « La couleur me prend aux tripes, elle guide ma vie. Je suis à la recherche de formes et de couleurs avant tout », déclare le photographe qui entend bien poursuivre ce premier volet de L’Amour monstre, « dont le titre illustre parfaitement ce que je ressens aux États-Unis ».

Son besoin de se connecter avec les gens s’est beaucoup développé depuis son passage de l’autre côté de l’Atlantique : « Los Angeles est une ville qui éblouit par sa lumière bien sûr, mais surtout par l’extrême ouverture d’esprit de ses habitants, et le grand sentiment de liberté qui se dégage de ce lieu. De l’enfer au paradis, du cauchemar au rêve, il n’y a qu’un pas, mais je sens partout ici une immense énergie qui circule, destructrice ou créatrice selon la capacité de chacun à la supporter. Elle peut vous élever ou vous écraser. C’est une impression personnelle à la fois capiteuse, stimulante et effrayante », analyse Charles-Henry Bédué. Le second volet de cette série devrait se poursuivre cet automne, en particulier pour l’élection présidentielle, où l’auteur aimerait associer fiction et réalité en mélangeant photos de tournages et images du quotidien des familles californiennes.

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #43, en kiosque et disponible ici

© Charles-Henry Bédué© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué© Charles-Henry Bédué

© Charles-Henry Bédué

Explorez
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Santé mentale et photographie : 22 séries qui expriment les maux
© No Sovereign Author
Santé mentale et photographie : 22 séries qui expriment les maux
La santé mentale est la grande cause de l’année 2025 en France. Pour cette occasion, la rédaction de Fisheye vous invite à (re)découvrir...
07 mai 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #505 : ce que dit le geste
© axelle.cassini / Instagram
La sélection Instagram #505 : ce que dit le geste
Langage du corps ou outil, le geste dit et produit. Il peut trahir comme démontrer, parfois même performer. Les artistes de notre...
06 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Me Myself and I © Kinu Kamura
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Roxane Cassehgari et Kinu Kamura, nos coups de cœur de la semaine, explorent leurs identités multiples et les mémoires de leurs familles....
05 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Daniel Obasi : l'étoffe de la révolte
Beautiful Resistance © Daniel Obasi
Daniel Obasi : l’étoffe de la révolte
À Lagos, Daniel Obasi, 30 ans, met en lumière les communautés marginalisées du Niger à travers une mode émancipatrice et...
08 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Santé mentale et photographie : 22 séries qui expriment les maux
© No Sovereign Author
Santé mentale et photographie : 22 séries qui expriment les maux
La santé mentale est la grande cause de l’année 2025 en France. Pour cette occasion, la rédaction de Fisheye vous invite à (re)découvrir...
07 mai 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Antoine Boissonot sur sa Loire intérieure
L'eau du fleuve parle à celui qui écoute © Antoine Boissonot
Antoine Boissonot sur sa Loire intérieure
Antoine Boissonot embarque sur la Loire à bord d’un canoë pour un voyage photographique introspectif. Se laissant porter sur l’eau...
07 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger