« Dès mon plus jeune âge, de par mon cadre de vie, j’ai tissé un lien fort avec le monde du vivant. La nature et ses aspects inaccessibles, invisibles à l’œil nu, me fascinent », confie Constantin Schlachter. Installé à Paris, ce jeune artiste travaille à la fois dans le monde de la mode, tout en menant des projets personnels. Si les portraits qu’il réalise pour des marques rivalisent d’inventivité, subliment les parures dans des jeux de flou sophistiqués, l’auteur interroge également les liens entre l’image et la psyché, à travers ses expérimentations sur la matière. Par l’emploi de la colorisation, de la solarisation ou encore du négatif, il illustre la nature et notre capacité à la faire revivre par la mémoire. L’artiste est particulièrement intrigué par les vagabondages de l’esprit qui adviennent lorsque l’on se promène et que l’on se projette dans notre environnement. Au cœur de ses images, nul réalisme : seules règnent des nuances et matières invraisemblables, nées, la plupart du temps, non pas de ses déambulations elles-mêmes, mais des échantillons glanés au cours de celles-ci. Dans le recueillement d’une chambre noire, le photographe réalise ensuite des photogrammes d’aquarelles et de bactéries. « Lorsque la lumière traverse le papier et les pigments ou encore des micro-organismes, une fenêtre sur un autre monde s’ouvre », déclare-t-il. Cet univers de l’invisible, Constantin Schlachter le traverse grâce à son œuvre, de laquelle émane un florilège de sensations et d’émotions. Sans jamais rentrer dans l’explicite, elle convoque l’imaginaire des récits littéraires qui l’inspirent : la science-fiction de Ursula Le Guin ou les écrits de Donna Haraway, qui associent à merveille les dimensions biologiques et magiques. Constantin Schlachter semble ainsi s’inscrire dans cette lignée d’artistes et de penseur·ses qui explorent le sens plus vaste de la vie, afin, peut-être, de trouver sa juste place.
Constantin Schlachter et la matière de l’existence
© Constantin Schlachter
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