Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité. La photographe néerlandaise Melissa Schriek met les corps en scène avec humour et originalité.
Depuis son diplôme de l’Académie royale des Beaux-Arts de La Haye en 2018, la photographe néerlandaise Melissa Schriek partage son temps entre commandes et projets personnels. Intuitive, l’artiste aime improviser durant les shootings, permettant à ses modèles de participer à la création de l’image. « Mes photographies sont toutes des collaborations. Si c’est moi qui dirige les mouvements, je laisse les autres les interpréter en liberté », explique-t-elle. Après s’être spécialisée dans la photographie documentaire, l’artiste a découvert qu’elle n’aimait pas se limiter à une seule approche du média, préférant mélanger les genres et revisiter l’esthétique mode.
Inspirée par les mouvements des danseurs, Melissa Schriek est émerveillée par la capacité des corps à raconter des histoires. « La danse est une forme de communication extrêmement forte et directe. J’essaie toujours d’atteindre cette intensité à travers mes créations », précise l’artiste. Un rapport à l’anatomie qui la pousse à réaliser des mises en scène singulières.
Œuvres d’art du quotidien
Car dans chaque création de Melissa Schriek, les corps fascinent. Contorsionnés, tordus dans des positions aussi poétiques qu’absurdes, les modèles de l’artiste défient le réel et la gravité. « Lorsque je travaille sur un projet, je ressens souvent le besoin de “personnaliser” une situation plutôt que de simplement la capturer », confie l’artiste, qui veille néanmoins à ancrer ses œuvres dans la réalité. Une réalité étrange, différente de celle qu’on a l’habitude de contempler. « J’essaie de tracer une frontière entre la fiction et le documentaire, et de lier ces deux approches. C’est un thème que je souhaite explorer davantage », précise la photographe.
Au cœur de la ville, les corps des modèles deviennent des sculptures accidentelles et éphémères. En occupant l’espace urbain, ils le subliment et le révèlent aux yeux des spectateurs. « Je voulais les interroger : vous rappelez-vous de la dernière fois que vous avez observé votre environnement ? » déclare Melissa Schriek. En évolution constante, la ville regorge d’œuvres d’art du quotidien – « des lampadaires penchés l’un vers l’autre, comme s’ils cherchaient à s’enlacer ou encore un sac plastique scintillant au soleil », énumère-t-elle. En détournant avec humour le corps humain, elle pointe du doigt cette magie du banal, souvent oubliée.
© Melissa Schriek