Danielle Ezzo sème le chaos dans les archives du Met

19 août 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
Danielle Ezzo sème le chaos dans les archives du Met
© Danielle Ezzo
© Danielle Ezzo
© Danielle Ezzo

L’artiste visuelle Danielle Ezzo s’est saisie des archives numériques du Metropolitan Museum of Art de New York (The Met) pour donner vie à des création originales. Dans ses compositions, les artefacts dialoguent entre eux de manière inattendue et chaotique : une curation anarchique qui défie le système d’archivage lui-même, ne pouvant exister que dans un espace virtuel. Suivre le projet.

Récemment, le Metropolitan Museum of Art de New York a développé des archives numériques de l’ensemble de sa collection et les a mises à la disposition du grand public. Malgré le grand nombre d’expositions, autant de documents qui n’ont jamais été présentés au public : œuvres anonymes, photographies d’artefacts divers et variés, cartes postales anciennes, textiles et bijoux anciens… une telle classification représente certes un défi et comporte quelques inconvénients, tant les archives sont vastes. Cependant, l’artiste Danielle Ezzo a su tirer parti de ce joyeux chaos en générant des assemblages d’œuvres n’ayant jamais cohabité… Et ne pouvant le faire que dans un espace de curation virtuelle ! Les objets acquièrent ainsi une nouvelle signification en dehors du temps et de la tradition, simplement par la façon dont ils sont filtrés. If not here, then when ? est le résultat de cet assemblage qui offre une vision photographique inédite de l’archive du musée. « Si la perte d’informations historiques fait partie de la manière dont ces objets ont circulé en ligne, je voulais l’accepter et le refléter dans la photographie finale, nous explique l’artiste lors d’un entretien. Au lieu de conserver des images contenant des artefacts qui vont ensemble d’un point de vue historique ou culturel, je me suis plutôt concentrée sur la forme, la couleur et l’aspect visuel de base, afin de créer une résonance entre les objets. Pouvaient-ils être attirés l’un par l’autre, simplement en fonction de la façon dont ils sont placés dans le cadre de l’image ? » Cette archive basée sur les choix des utilisateurices révèle les biais avec lesquels chacun·e approche la culture et rend cette collection largement méconnue, soudainement vivante.

Penser l’archive comme une entité vivante

Numériser les archives des grandes institutions a été l’une des façons prolifiques de faire survivre la culture en temps de pandémie. Une immense partie de ce qui est conservé en leur sein ne nous sera jamais visible, non seulement parce qu’il peut être compliqué de se rendre au musée, mais aussi et surtout parce que toutes les œuvres n’y seront pas montrées. Pour l’artiste, donc, ce processus permet bel et bien de penser l’archive comme une entité vivante. « Pour les personnes qui n’ont pas accès à certaines collections, les espaces virtuels leur permettent d’entrer en contact avec l’histoire d’une manière qui leur était autrement inaccessible » souligne Danielle. Selon son point de vue, l’expérience de la consultation en ligne permet à chacun·e de devenir curateurice et vivre une expérience rapprochée avec les objets, auxquels donner une deuxième interprétation.

Dans la pratique de Danielle, la photographie permet de prendre la distance nécessaire pour observer les artefacts autrement. C’est seulement dans une deuxième phase qu’elle y introduit vidéo, sculpture et modélisation 3D. « Dans le passé, j’ai utilisé des logiciels numériques comme Photoshop, la technologie de numérisation 3D, la vidéo, des procédés chimiques plus traditionnels, le papier découpé, la sculpture, la peinture et l’écriture. Cette liste continuera de s’allonger au fil du temps, car je suis très curieuse des différentes méthodes qui permettent d’enrichir les images » explique-t-elle. Autant de techniques qui ramènent à la vie des pièces uniques, tout en les permettant à chacun·e de se les approprier.

Silence face projects
68 pages
35$
© Danielle Ezzo
© Danielle Ezzo
© Danielle Ezzo
© Danielle Ezzo
Explorez
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Gangs de chats, pigeons dérobés ou espions : ces séries de photos sur les animaux
© Chloé Lamidey
Gangs de chats, pigeons dérobés ou espions : ces séries de photos sur les animaux
Chiens, chats, ours, éléphants ou encore pigeons, apprivoisés, sauvages ou même espions, parmi les séries présentées sur les pages de...
23 juillet 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Onironautica : les rêves lucides, l’IA des êtres humains
© Ludivoca De Santis
Onironautica : les rêves lucides, l’IA des êtres humains
Collections d’images venues de rêves lucides, Onironautica de Ludovica De Santis interroge, au travers de mises en scène intrigantes...
19 juillet 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Le Jardin du Lunch : les boulettes de Proust
© Pascal Sgro
Le Jardin du Lunch : les boulettes de Proust
Entre nostalgie et humour, le photographe belge Pascal Sgro saisit, dans sa série en cours Le Jardin du Lunch, la bienveillante laideur...
19 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
© Cait Oppermann
Jeux olympiques : ces séries de photographies autour du sport
Ce vendredi 26 juillet est marqué par la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. À cette occasion, nous vous...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
© Iwane Ai. A New River series, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Transcendance par Kyotographie : promenade contemporaine au Japon
À l’occasion des dix ans du Festival, Kyotographie investit les Rencontres d’Arles pour la première fois. L’exposition...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un...
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
© Robin de Puy
Robin de Puy : partout, l’eau au centre du paysage
L'exposition Waters & Meer - Robin de Puy revient sur deux séries de la photographe néerlandaise. Un hommage aux populations rurales...
25 juillet 2024   •  
Écrit par Costanza Spina