Dépasser l’angoisse du futur

28 novembre 2019   •  
Écrit par Anaïs Viand
Dépasser l’angoisse du futur

En réponse aux théories de l’effondrement, le photographe franco-suisse Matthieu Gafsou soumet une typologie d’images tantôt réalistes, tantôt allégoriques. Un travail sensible sur nos sociétés à la dérive intitulé Solastalgie, qu’il vient de commencer cette année lors de la Résidence 1+2 à Toulouse. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

Les abeilles disparaissent. Fumer tue. Les cyclones majeurs seront de plus en plus fréquents. Les jeux vidéo transforment les nouvelles générations en de véritables psychopathes. Les OGM détruisent la biodiversité. En France, un incendie domestique a lieu toutes les deux minutes. En France toujours, le cancer est la première cause de mortalité prématurée. La banquise fond. Avec la hausse des températures, les vagues migratoires vont s’intensifier. L’humanité vit désormais à crédit. Connaîtrons-nous le permis de procréation ? « Le monde devient inquiétant », lance le photographe Matthieu Gafsou.

Un sentiment largement partagé. Selon une étude menée par Ipsos Global Advisor en 2012, une personne sur sept pense faire l’expérience de la fin du monde – causes naturelles, politiques ou divines confondues. La théorie exposée par l’Américain Jared Diamond dans son livre Effondrement (2005), selon laquelle la « chute radicale et durable du nombre, de l’organisation politique, économique et sociale d’une population sur un large territoire donné » serait l’une des conséquences de l’acharnement des sociétés humaines à détruire leur environnement, en séduit plus d’un.

© Matthieu Gafsou

La fin d’une société

« Nous assistons à la fin d’une société. Les effondrements qui ont eu lieu par le passé ne concernaient pas les sociétés mondialisées. Il s’agirait là de la chute d’un système presque global. Voilà ce qui est effrayant »

, complète le photographe. Anxieux, révolté, Matthieu Gafsou est aussi curieux. Durant l’été 2019, il dévore plusieurs ouvrages théoriques, philosophiques et artistiques. Ses sujets d’étude ? La collapsologie, l’obsolescence, le survivalisme, ainsi que les schémas alternatifs. Des lectures qui ont nourri sa réflexion. « Le point de départ de mon projet Solastalgie vient certainement d’une transformation de ma relation au monde. Depuis des années, on entend parler du réchauffement climatique, mais récemment, les choses se sont accélérées. On observe une accumulation d’évènements. Dans l’actualité : la démission du gouvernement de Nicolas Hulot, les Gilets jaunes ou Greta Thunberg, entre autres », explique l’artiste, père de deux garçons. « Je réfléchis à ce que je vais leur offrir. Comment donc s’engager pour éviter que les générations futures aient le pire des avenirs ? »

Cette série, amorcée à Toulouse dans le cadre de la Résidence 1+2, fait suite à un précédent travail, H+, dédié au transhumanisme. « Le transhumanisme est un mouvement qui vise à créer un homme plus fort, plus résistant et donc qui invite à une consommation extrême des ressources. Peut-être faut-il inverser la logique et réfléchir à une façon de faire moins. Et si nous pensions à une nouvelle manière d’interagir avec notre milieu, en se détachant de cette vision anthropocentrique qui me semble destructrice? »

 

Cet article est à retrouver dans son intégralité dans Fisheye #39, en kiosque et disponible ici.

© Matthieu Gafsou

© Matthieu Gafsou© Matthieu Gafsou

© Matthieu Gafsou© Matthieu Gafsou

© Matthieu Gafsou / Résidence 1+2 / Galerie C / MAPS

Explorez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
© Ana Núñez Rodríguez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
Aujourd’hui encore, l’extraction de cette pierre charrie de nombreuses croyances et légendes. C’est ce qui a captivé Ana Núñez Rodríguez...
02 mai 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
© Mustapha Azeroual / BMW ART MAKERS
BMW ART MAKERS : les dégradés célestes de Mustapha Azeroual et Marjolaine Lévy
Le programme BMW ART MAKERS, initiative de soutien à la création, accueille cette année le duo d’artiste/curatrice composé par Mustapha...
30 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Dans l'œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
© Gareth Phillips, Pinus Patula, The Mexican Weeping Pine, 2017
Dans l’œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
Cette semaine, plongée dans l’œil de Gareth Phillips. L'œuvre du photographe tente notamment de répondre à l’urgence climatique qui hante...
29 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Les images de la semaine du 22.04.24 au 28.04.24 : vertiges paysagers
© Elie Monferier
Les images de la semaine du 22.04.24 au 28.04.24 : vertiges paysagers
C’est l’heure du récap‘ ! Cette semaine, les photographes mis·es en avant par Fisheye réinventent la photographie de paysage.
28 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ces séries de photographies réalisées au flash
© Nicolas Hrycaj
Ces séries de photographies réalisées au flash
En ce milieu de printemps, à mesure que les nuits s’écourtent, les flashs des appareils photo se multiplient pour immortaliser la douceur...
02 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
© Camelia Shahat
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
Jusqu'au 31 octobre 2024, le Musée de la Femme de Marrakech accueille Photographie : le langage universel, une exposition imaginée avec...
02 mai 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
© Ana Núñez Rodríguez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
Aujourd’hui encore, l’extraction de cette pierre charrie de nombreuses croyances et légendes. C’est ce qui a captivé Ana Núñez Rodríguez...
02 mai 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
05:07
© Fisheye Magazine
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, et en l’honneur de Signal, sa rétrospective, accueillie jusqu’au 30 juin 2024 au Palais...
01 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine