Des collages décalés

16 novembre 2022   •  
Écrit par Ana Corderot
Des collages décalés

Directrice artistique, photographe et artiste plasticienne, Anna Muller aime multiplier les approches autant que les strates de collages. Composant avec des images de mode, l’artiste fait fi des tendances pour redonner vie à des créations défiant les saisons.

« Assise dans mon studio, entourée de magazines, je sélectionne des pages, des pièces individuelles. Couper, relier, mélanger, déplacer, répéter jusqu’à ce que les éléments commencent à former une seule histoire. Réaliser la bonne combinaison, d’abord dans la couleur qui est toujours mon guide et ma référence initiale, et seulement ensuite dans la forme et le sens »

, confie Anna Muller. Créatrice pluridisciplinaire, à la fois directrice artistique, photographe et colleuse, Anna Muller s’est construite aux croisements des cultures. Née et élevée dans une ville de la province russe jusqu’à ses 25 ans, elle part s’installer au Japon. C’est au même moment que la photographie apparaît dans sa vie. Puisant ses influences dans la culture nippone et cherchant à la fois à enrichir ses influences, elle parvient par le médium à communiquer, sans maîtriser pour autant la langue des lieux qu’elle traverse.

Évoluant professionnellement dans le domaine de la mode et du luxe depuis une quinzaine d’années, elle conçoit les collages comme une extension évidente de sa créativité. Perçue tel un univers de rêve, de beauté ou de fantaisie, la mode lui octroie autant d’inspirations que de sujets à briser, déchirer ou retravailler. « J’ai une passion pour les magazines qui lui sont dédiés. Leur vie est si courte ! Pour moi, les découper, c’est leur donner une nouvelle vie, les amener à quelque chose de différent. Le collage est une forme d’art durable. Des milliers de pages imprimées ont une chance de devenir un nouvel art plutôt qu’un déchet. »

Vies secondes

Renaissant dans un élan surréaliste, ses photographies – ou les images qu’elle a dénichées dans des revues féminines abîmées – n’attendent qu’à être observées. Le temps des pages publicitaires en grands formats sur papier glacé s’est envolé, pour laisser place à l’œuvre en soi. Escarpins Louboutin gigantesques, corps longilignes coupés en deux, mains projetées dans les airs, visages dévisagés… Anna Muller se libère des protocoles et de la forme pour donner vie à des créations décomplexées. « Tout au long du processus, la logique et la rationalité n’ont pas leur place. J’entre dans un état presque enfantin, complètement immergé dans mon propre jeu. Il n’y a pas de plus grand plaisir que celui que je ressens lorsque la partie est terminée et que tout se met en place : les personnages, leur humeur et leur relation », explique-t-elle.

Des compositions visuelles déstructurées qui se réarrangent par leurs nuances volontairement saturées. Consciente de la force émotionnelle provoquée par les couleurs, Anna Muller les mélange et les réassemble avec une harmonie singulière pour convoquer des souvenirs. Avec un brin d’ironie et d’illusoire elle souhaite produire de nouveaux messages – plus simples à accueillir par le spectateur·rice – qu’iels détiendront plus longtemps dans leur inconscient.

© Anna Müller© Anna Müller

© Anna Müller

 

© Anna Müller

 

 

© Anna Müller© Anna Müller

 

© Anna Müller

 

© Anna Müller© Anna Müller

 

© Anna Müller

© Anna Müller© Anna Müller

 

© Anna Müller

 

© Anna Muller

Explorez
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 coups de cœur qui expérimentent avec le médium
© Carla Lesueur
5 coups de cœur qui expérimentent avec le médium
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
14 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 7 avril 2025 : souvenirs et réalités cachées
© Francesca Forquet
Les images de la semaine du 7 avril 2025 : souvenirs et réalités cachées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye évoquent les souvenirs et les réalités cachées dans des approches...
13 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Francesca Forquet sur la piste des corgis sprinteurs
© Francesca Forquet
Francesca Forquet sur la piste des corgis sprinteurs
Imaginez une plage californienne baignant sous le soleil et ajoutez-y des centaines de corgis en effervescence, vêtus de costumes...
11 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet