Diane Severin Nguyen : voyage photographique en chairs inconnues

11 avril 2023   •  
Écrit par Léa Boisset
Diane Severin Nguyen : voyage photographique en chairs inconnues

Jusqu’au 21 mai 2023, le Studio de la Maison Européenne de la Photographie présente la première exposition de Diane Séverin Nguyen dans une institution française.

On ne peut être que frappé de stupeur par ce délicieux mélange de malaise et de satisfaction que nous procurent les photographies de Diane Severin Nguyen. Plongeant le spectateur dans une sorte de dimension fantastique aux lueurs océanes, peuplée de matières organiques, de chairs et membranes méconnaissables engluées dans des fluides mystérieux, l’artiste offre un étrange voyage. Des éléments métalliques – chaînes, fils cousus, lacets –, scintillant de brutalité, tirent parfois ces fines peaux, dont le déchirement imminent semble se jouer sous nos yeux.

Saisir par la discordance

De ses matières fragiles et torturées, tout en volumes et en boursouflures, on ressent un désir coupable, où mort et sensualité s’enlacent. Car ces images de chairs vivantes et soyeuses aux pigments chatoyants, sont d’une beauté palpable, troublante et inconnue. Un sentiment d’étrangeté redoublé par le fait qu’au sein d’une même photographie s’affrontent des couleurs complémentaires, saisissantes par leur discordance : un violet satiné peut s’allier à un jaune opaque, un rouge sang embrasser un vert lumineux, dans une fluorescence rendant l’ensemble irréel. Certains clichés nous emportent au contraire dans un univers d’une grande douceur, habité d’éléments plus délicats, aériens, et nous réjouissent d’une autre façon.

Le catalogue de l’exposition éclaire ensuite le processus de création, au premier abord si mystérieux : on y découvre d’autres clichés de cette même série, qui révèlent les instruments et matériaux utilisés dans la genèse de l’œuvre. Au sein d’un atelier qui ressemble à s’y méprendre au laboratoire d’un savant bien curieux, les mains gantées de l’artiste apparaissent, assemblant sous diverses lampes des liquides et matières que l’on parvient cette fois davantage à identifier.

© Diane Severin Nguyen© Diane Severin Nguyen

© Diane Severin Nguyen

© Diane Severin Nguyen© Diane Severin Nguyen

© Diane Severin Nguyen

Explorez
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
© Sander Coers
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
C’est l’heure du récap ! De nombreux rendez-vous ont rythmé les publications de cette semaine. Les coups de cœur du mois, un nouvel...
04 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Les ballades du corail © Joan Alvado
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Depuis 1994, Les Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort poursuivent leur volonté d’être un incubateur de création...
03 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Pôle Nord, corgis et plongeuses japonaises : nos coups de cœur photo d’avril 2025
Images issues de Midnight Sun (Collapse Books, 2025) © Aliocha Boi
Pôle Nord, corgis et plongeuses japonaises : nos coups de cœur photo d’avril 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
30 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
The Journey Home from School © Laura Pannack, United Kingdom, Winner, Professional competition, Perspectives, Sony World Photography Awards 2025.
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
Des corps qui chutent, des trajectoires contrariées, des espaces repris de force… Et si la photographie était un langage de reconquête ?...
10 mai 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Marion Gronier, la folie et le regard
© Marion Gronier, Quelque chose comme une araignée / Courtesy of the artist and Prix Caritas Photo Sociale
Marion Gronier, la folie et le regard
Pendant deux ans, Marion Gronier a arpenté des institutions psychiatriques en France et au Sénégal. Sans jamais montrer de visages, elle...
09 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Daniel Obasi : l'étoffe de la révolte
Beautiful Resistance © Daniel Obasi
Daniel Obasi : l’étoffe de la révolte
À Lagos, Daniel Obasi, 30 ans, met en lumière les communautés marginalisées du Niger à travers une mode émancipatrice et...
08 mai 2025   •  
Écrit par Milena III