Jusqu’au 21 mai 2023, le Studio de la Maison Européenne de la Photographie présente la première exposition de Diane Séverin Nguyen dans une institution française.
On ne peut être que frappé de stupeur par ce délicieux mélange de malaise et de satisfaction que nous procurent les photographies de Diane Severin Nguyen. Plongeant le spectateur dans une sorte de dimension fantastique aux lueurs océanes, peuplée de matières organiques, de chairs et membranes méconnaissables engluées dans des fluides mystérieux, l’artiste offre un étrange voyage. Des éléments métalliques – chaînes, fils cousus, lacets –, scintillant de brutalité, tirent parfois ces fines peaux, dont le déchirement imminent semble se jouer sous nos yeux.
Saisir par la discordance
De ses matières fragiles et torturées, tout en volumes et en boursouflures, on ressent un désir coupable, où mort et sensualité s’enlacent. Car ces images de chairs vivantes et soyeuses aux pigments chatoyants, sont d’une beauté palpable, troublante et inconnue. Un sentiment d’étrangeté redoublé par le fait qu’au sein d’une même photographie s’affrontent des couleurs complémentaires, saisissantes par leur discordance : un violet satiné peut s’allier à un jaune opaque, un rouge sang embrasser un vert lumineux, dans une fluorescence rendant l’ensemble irréel. Certains clichés nous emportent au contraire dans un univers d’une grande douceur, habité d’éléments plus délicats, aériens, et nous réjouissent d’une autre façon.
Le catalogue de l’exposition éclaire ensuite le processus de création, au premier abord si mystérieux : on y découvre d’autres clichés de cette même série, qui révèlent les instruments et matériaux utilisés dans la genèse de l’œuvre. Au sein d’un atelier qui ressemble à s’y méprendre au laboratoire d’un savant bien curieux, les mains gantées de l’artiste apparaissent, assemblant sous diverses lampes des liquides et matières que l’on parvient cette fois davantage à identifier.
© Diane Severin Nguyen