Jusqu’au 15 décembre 2022, la galerie Maeght met en lumière les multiples facettes de Peter Knapp. À travers un ensemble encore inédit, l’exposition dévoile la pratique beaucoup plus radicale à laquelle s’est adonné le photographe à partir des années 1970.
Cinéaste, vidéaste, graphiste, peintre et bien évidemment photographe, Peter Knapp fait partie de ces artistes touche-à-tout dont la seule préoccupation a toujours été de « faire des images ». Son regard affuté se plaît à scruter le quotidien à la recherche de ces détails à la fois singuliers et élémentaires, desquels jaillira toute une histoire. « Il y a un processus de simplification qui se met en marche et qui est vraisemblablement la base de ma méthode. J’ai une tendance innée à supprimer la perspective, le volume, dans chaque image », expliquait-il à ce propos en quelques phrases citées par la galerie Maeght. Dans l’héritage du mouvement Bauhaus, les compositions épurées donnent à voir les sujets tels qu’ils sont. Les ciels multicolores et les paysages saisonniers, réduits à leur plus simple expression, offrent pourtant des visions riches en symboles leur conférant une part de mystère qui le fascine.
Des portraits réinventés
À partir des années 1970, le photographe s’essaye à une pratique plus radicale. Ses clichés célestes s’entrecoupent désormais de lignes et de diagonales, de formes géométriques éphémères qui s’apparentent d’autant plus à des signes qu’il convient de comprendre. « Quand, dans un paysage, je fais la photographie du ciel et de la terre, j’y vois l’affrontement de la matière et de l’infini », déclarait le plasticien. Plus terre à terre, dans le monde sensible – qu’il soit végétal, minéral ou urbain –, ce sont les traces des êtres qu’il poursuit.
Dans ses monochromes, des cordages épars, des pierres posées au sol, des pieds de vigne sinueux, des meules de foin en désordre ou des trainées d’eau savonneuse sur une vitrine dessinent des courbes abstraites qui laissent paraître des visages ou des silhouettes inattendus… Car « en cherchant l’homme, on commence à le voir », aimait-il à dire à l’époque. Conceptuels et proches du ready-made, les tableaux de Peter Knapp proposent des portraits réinventés qui nous invitent finalement à prêter une attention toute particulière aux choses qui nous entourent.
© Peter Knapp / Galerie Maeght