Réalisé en collaboration avec des étudiant·es de l’école des Gobelins de Paris, le clip Shake It de l’artiste Lazuli nous transporte dans un univers laiteux où la sororité fait rage.
Un son lancinant qui résonne, quelques percussions qui appellent à se regrouper, des « Shake It » susurrés : le combat va commencer. Dans ce huis clos de trois minutes, on s’installe dans un ring 100 % féminin, créé à l’aide de tissus superposés, de laines et des couvertures en coton. À l’intérieur de ce ring, l’artiste-interprète Lazuli encerclée d’une équipe de femmes, venues danser et combattre à ses côtés le temps d’une performance filmée. Franco-chilienne, Lazuli a réussi en très peu de temps à construire une identité musicale marquée et singulière, oscillante entre des inspirations diverses, allant du reggaeton au rap, en passant par le baile funk et le dance hall. D’un éclectisme équilibré, l’artiste lyonnaise colle en tout point à l’image de sa génération. Une génération ultra connectée, d’une énergie sans relâche, porteuse d’une envie furieuse de bouger les choses, casser les codes et shaker les corps.
Réalisé dans le cadre du partenariat Gobelins de Paris x Universal Music France (UMF) initié en 2018 – visant à faire cohabiter le monde musical et celui de l’image –, le clip de Shake It est le fruit d’une entente créative entre les étudiant·es et l’artiste franco-chilienne. Suivi·es par des professeurs de l’école et des membres de l’UMF, les élèves sont affilié·es à des artistes par affinité afin de mener à bien un projet commun. Dans le cas de Lazuli, tout semble avoir été conçu de façon complètement « naturelle », nous confie Augustin Décarsin, étudiant en double cursus aux Gobelins de Paris, photographe, vidéaste et directeur de la photographie sur le clip. Viennent s’ajouter d’autres élèves, dont Anaïs Pons Prades, réalisatrice, Jade Solus, assistante de réalisation, Tom Kleinber, directeur artistique, Luce Gaubel, scripte, et Igor Berthet deuxième directeur de la photographie. En résulte une vidéo qui reflète à merveille tout l’élan créatif de l’artiste lyonnaise, avec sa fougue, sa spontanéité et son esthétisme galvanisant.
© Anaïs Pons Prades, Augustin Décarsin, Tom Kleinberg, Luce Gaubel, Jade Solus, Igor Berthet dans le cadre de la collaboration Gobelins x Universal
Extérioriser la liberté
« Dès le début, on a eu l’idée d’un ring de box, pour faire référence au nom du morceau en lui-même. On souhaitait mettre en scène une sorte de freestyle de danse avec un vrai combat. Finalement, cela a été un prétexte pour parler de sororité, de femmes qui se soutiennent et s’entraident avec force. La notion de combat est toujours là, mais à un autre niveau. Tout au long de la vidéo on ressent cette volonté d’exister pleinement dans le corps, entre-elles ou individuellement. Une volonté d’extérioriser la liberté », confie Augustin Décarsin. Car Shake It, c’est effectivement l’essence du mouvement, des silhouettes qui s’élancent en cadence, au ralenti ou de manière un peu floue. Il y a dans l’esthétique du clip des éléments empruntés à la fois à l’univers visuel de Rosalía, « dans ses tableaux immenses de figurants », ainsi qu’à Yseult « dans son rapport à l’intimité, à la proximité des peaux ». Qu’on le veuille ou non, l’ensemble nous emporte en rythme, accompagné·es par les paroles entêtantes de Lazuli, le tout, dans une atmosphère laiteuse.
Au sein de ce décor DIY – pensé par Marysol Santana et Antoine Meffre Chol – les tissus filent la métaphore du lien sororal et nous lient d’amour-haine avec les protagonistes de la vidéo. « On vient se réfugier dans ce lieu post-apocalyptique et féministe. C’est un peu une échappatoire, un shelter plutôt froid, comme pour induire ce qui se trouve à l’extérieur », ajoute Augustin Décarsin. Dans cette valse entrainante souffle alors un vent de violence apaisée, un air de tendresse, quelque chose qui nous prendrait dans ses bras pour aussitôt nous rejeter. « Shake It est un morceau pour danser avec rage, en rêvant de tout casser autour de soi », confie Lazuli. Et on ne peut qu’acquiescer.
© Anaïs Pons Prades, Augustin Décarsin, Tom Kleinberg, Luce Gaubel, Jade Solus, Igor Berthet dans le cadre de la collaboration Gobelins x Universal