Nous poursuivons notre engagement auprès des photographes ukrainien·ne·s en leur offrant un espace de témoignages. Après Taras Bychko, Lada Solovyova et Oleksandr Rupeta, c’est au tour de Nazar Furyk de nous livrer son récit.
« À Kolomyia, mes grands-parents accueillent chaque jour des personnes venant d’autres régions d’Ukraine. Il y a peu, ma mère, ma plus jeune sœur et mon petit frère ont déménagé à l’étranger.
Ici, dans la ville d’Ivano-Frankivska, il y a eu des attentats à la bombe à l’aéroport, mais c’est incomparable avec l’enfer que connaissent les habitants d’autres villes, où des milliers de civils sont blessés, et où les villes sont détruites à 70-80 %… Enfin, n’importe quel endroit en Ukraine n’est pas sûr.
Les premiers jours de l’invasion menée par la Russie, je ne pouvais pas filmer, ni manger, ni dormir. J’étais dans un tout autre état d’esprit.
J’avais pourtant couvert le conflit en Ukraine orientale en 2015-2016. Le 24 février, c’est une tout autre sensation que j’ai eue en moi. J’étais très inquiet pour la sécurité de mes proches.
J’ai pu prendre une caméra seulement quelque temps après être arrivé à Kolomyia. Ma famille est désormais dans un endroit sûr. Maintenant, je pense déjà que je suis prêt à témoigner de la guerre dans mon pays à travers mes images.
Je veux que tout se termine le plus vite possible, et de la bonne façon, car l’histoire ne doit pas se répéter dans cinq, dix, trente ans. Je veux que l’empire du mal [la Russie] tombe, et que tous ceux qui commettent ces atrocités et ce génocide soient pleinement punis. »
© Nazar Furyk