Elena, installée à Rome, travaille sous le curieux pseudonyme d’Insect Panic. Aussi énigmatique que son œuvre, elle résiste à nous donner le fond de cette dernière – seulement les formes. Mais qu’est-ce que la photographie pourrait avoir à faire avec la panique d’un insecte, peut-on se demander ? Il y a quelque chose de trivial et d’abrupt dans son travail, autant qu’une dimension viscérale. L’artiste, qui se représente essentiellement elle-même à travers des autoportraits, affirme mettre en scène le corps « d’une manière ludique et paranoïaque ». La jeune femme se décrit comme étant une personne plutôt apathique, et parfois très paresseuse – en manque permanent de stimulation. Orienter l’appareil photo de façon réflexive, pour la première fois, a été sa grande révélation. Sous l’objectif, elle ne se reconnaît plus, et se mettre en scène crée systématiquement en elle un effet d’agitation. De cela naissent des autoportraits mémorables, centrés sur l’utilisation du corps d’une manière surréaliste. Sa méthode ?Manipuler ses clichés, pour les rendre à son image. Elle « valorise les notes discordantes », et élabore des contrastes, notamment grâce au tirage cyanotype. Sur un fond qui prend parfois une couleur violacée, bleuâtre et livide, le trash qu’elle défend – de la cruauté envers les animaux à son propre corps déformé – se lit avec ironie. Son travail s’inscrit assurément dans un certain type de photographie qui raconte la réalité de manière brute et cynique, et tente en même temps d’échapper aux stéréotypes, « qui ne m’appartiennent pas », déclare-t-elle. On y trouve tout ce qui caractérise l’humain et le primitif : le corps, la nourriture, la peur, l’animalité. Comme la rêverie, et la créativité.
© Insect Panic