Julia Buruleva fait des corps humains des tableaux absurdes et ludiques

05 mai 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Julia Buruleva fait des corps humains des tableaux absurdes et ludiques

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. La photographe russe Julia Buruleva imagine des mises en scène ludiques et surréalistes, inspirées par son imaginaire foisonnant.

Aujourd’hui installée à Barcelone, c’est à Saint-Pétersbourg, dans son pays d’origine, que Julia Buruleva a étudié la photographie, passant d’abord par les chambres noires, et la pratique de l’argentique. Son diplôme en poche, elle emménage à Moscou, où elle devient photographe de mariage – un métier qu’elle exerce pendant douze ans. « J’ai ensuite réalisé que je n’arrivais pas à m’exprimer à travers cette profession. J’ai donc changé de vie. Je me suis envolée pour l’Europe, et je n’ai plus jamais shooté de cérémonie », raconte-t-elle. Et, dans ce nouvel environnement, elle trouve enfin la liberté de s’exprimer, d’expérimenter, « d’aller à l’encontre des schémas préexistants pour forcer le cerveau à aller dans une direction opposée ». Passionnée par le monde de la mode, de l’art, et la photographie conceptuelle, elle imagine des mises en scène aussi colorées qu’étonnantes, inspirées par « la nature, la science, les voyages en Inde et les artistes chinois ».

© Julia Buruleva

Reconstruire ses rêves

C’est la notion de fascination qui intéresse Julia Buruleva. L’envie de captiver, d’interroger son public – car si ses créations se veulent symboliques, l’artiste préfère garder les idées derrière ses métaphores secrètes, pour « jouer avec le regardeur ». Débordant d’énergie, la photographe multiplie les projets, et construit un univers à part, où les corps deviennent des éléments du paysage, et transcendent leur enveloppe de chair. Avec un humour toujours présent, elle dirige des modèles inconnus et les laisse improviser, s’invite dans l’intimité d’anonymes en pleine crise sanitaire, ou se clone pour créer des sculptures humaines au cœur de paysages arides. Sur Instagram, Julia Buruleva invite même ses abonnés à découvrir les coulisses de ses créations, par l’intermédiaire de courtes vidéos, révélant l’envers du décor. Une manière de démystifier l’absurde et de partager son plaisir de créer.

Inspirée par tout ce qui l’entoure, la photographe ne s’arrête devant rien pour reconstruire ses rêves, ses fantasmes. À travers ses images, le réel s’effrite et laisse place à des lubies surréalistes, provoquées par la richesse de son quotidien. « J’étais par exemple tombée sous le charme des fauteuils rouges de l’Opéra de Barcelone, et des peintures bleues et dorées de son plafond. Je me suis alors imaginé ces éléments d’une autre manière : les fauteuils trônant sur la plage, sous un soleil et un ciel azur. Et en guise de chanteuses ? Des modèles nues », raconte-t-elle. Et, de son esprit, naissent des compositions fantaisistes, où les corps deviennent des prolongations de l’environnement, des détails venus tout droit de la nature. Sans jamais chercher à sexualiser la nudité, Julia Buruleva la capture au contraire pour apporter une abstraction supplémentaire, une plus grande absurdité à ses tableaux extravagants. Une plongée ludique dans un monde irrésistiblement inconcevable.

© Julia Buruleva

© Julia Buruleva© Julia Buruleva

© Julia Buruleva

 

© Julia Buruleva© Julia Buruleva

© Julia Buruleva

© Julia Buruleva© Julia Buruleva

© Julia Buruleva

© Julia Buruleva

Explorez
Delphine Gatinois capture les feux de la vallée de Thann
© Delphine Gatinois
Delphine Gatinois capture les feux de la vallée de Thann
Fruit d’une résidence dans la vallée du Thann, en Alsace, la série Passer l’hiver de Delphine Gatinois s’attache à documenter la...
24 janvier 2025   •  
Écrit par Hugo Mangin
L'exubérance artistique au cœur du rebranding de Jaguar
© Campbell Addy et Yagamoto. Strikethrough Convention. Vue d'exposition.
L’exubérance artistique au cœur du rebranding de Jaguar
Le soir du 2 décembre 2024, à l’occasion de l’Art Week Miami, Jaguar révélait au monde sa nouvelle voiture conceptuelle, Type 00, et le...
23 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les mystères de Weegee
Collection Galerie Berinson, Berlin © Weegee Archive / International Center of Photography, New York.
Les mystères de Weegee
Pour ses cinquante ans, l’International Center of Photography (ICP) de New York a organisé une exposition dans laquelle ont été...
23 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #489 : chambre vermeille
© Maša Stanić / Instagram
La sélection Instagram #489 : chambre vermeille
La couleur rouge a une place toute particulière en photographie. Dans les laboratoires de tirages, elle éclaire la pénombre et révèle...
14 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Pour sa première exposition, la galerie Oana Ivan rend hommage à Peter Knapp
Paris, Ungaro, broderie Jakob Schläpfer, Stern, 1967 © Peter Knapp, Courtesy de l’artiste et de Oana Ivan Gallery
Pour sa première exposition, la galerie Oana Ivan rend hommage à Peter Knapp
La galerie Oana Ivan a ouvert ses portes avec Compte à rebours, 2024-1960, une rétrospective inaugurale consacrée à Peter Knapp. Jusqu’au...
30 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Jean-Michel André : les ténèbres dans la lumière
© Jean-Michel André. Chambre 207
Jean-Michel André : les ténèbres dans la lumière
Dans cet essai visuel relevant à la fois de la reconstitution documentaire et de l’autofiction, Jean-Michel André voyage sur les traces...
30 janvier 2025   •  
Écrit par Gwénaëlle Fliti
Focus : emprise, kidnapping et fulguration
© Anna Szkoda
Focus : emprise, kidnapping et fulguration
Créé par les équipes de Fisheye, Focus est un format vidéo innovant qui permet de découvrir une série photo en étant guidé·e par la...
29 janvier 2025   •  
Dans Fisheye, les photographes dessinent le Royaume-Uni de demain
© Theo McInnes
Dans Fisheye, les photographes dessinent le Royaume-Uni de demain
Enjeux sociétaux, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le...
29 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger