Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. La photographe russe Julia Buruleva imagine des mises en scène ludiques et surréalistes, inspirées par son imaginaire foisonnant.
Aujourd’hui installée à Barcelone, c’est à Saint-Pétersbourg, dans son pays d’origine, que Julia Buruleva a étudié la photographie, passant d’abord par les chambres noires, et la pratique de l’argentique. Son diplôme en poche, elle emménage à Moscou, où elle devient photographe de mariage – un métier qu’elle exerce pendant douze ans. « J’ai ensuite réalisé que je n’arrivais pas à m’exprimer à travers cette profession. J’ai donc changé de vie. Je me suis envolée pour l’Europe, et je n’ai plus jamais shooté de cérémonie », raconte-t-elle. Et, dans ce nouvel environnement, elle trouve enfin la liberté de s’exprimer, d’expérimenter, « d’aller à l’encontre des schémas préexistants pour forcer le cerveau à aller dans une direction opposée ». Passionnée par le monde de la mode, de l’art, et la photographie conceptuelle, elle imagine des mises en scène aussi colorées qu’étonnantes, inspirées par « la nature, la science, les voyages en Inde et les artistes chinois ».
Reconstruire ses rêves
C’est la notion de fascination qui intéresse Julia Buruleva. L’envie de captiver, d’interroger son public – car si ses créations se veulent symboliques, l’artiste préfère garder les idées derrière ses métaphores secrètes, pour « jouer avec le regardeur ». Débordant d’énergie, la photographe multiplie les projets, et construit un univers à part, où les corps deviennent des éléments du paysage, et transcendent leur enveloppe de chair. Avec un humour toujours présent, elle dirige des modèles inconnus et les laisse improviser, s’invite dans l’intimité d’anonymes en pleine crise sanitaire, ou se clone pour créer des sculptures humaines au cœur de paysages arides. Sur Instagram, Julia Buruleva invite même ses abonnés à découvrir les coulisses de ses créations, par l’intermédiaire de courtes vidéos, révélant l’envers du décor. Une manière de démystifier l’absurde et de partager son plaisir de créer.
Inspirée par tout ce qui l’entoure, la photographe ne s’arrête devant rien pour reconstruire ses rêves, ses fantasmes. À travers ses images, le réel s’effrite et laisse place à des lubies surréalistes, provoquées par la richesse de son quotidien. « J’étais par exemple tombée sous le charme des fauteuils rouges de l’Opéra de Barcelone, et des peintures bleues et dorées de son plafond. Je me suis alors imaginé ces éléments d’une autre manière : les fauteuils trônant sur la plage, sous un soleil et un ciel azur. Et en guise de chanteuses ? Des modèles nues », raconte-t-elle. Et, de son esprit, naissent des compositions fantaisistes, où les corps deviennent des prolongations de l’environnement, des détails venus tout droit de la nature. Sans jamais chercher à sexualiser la nudité, Julia Buruleva la capture au contraire pour apporter une abstraction supplémentaire, une plus grande absurdité à ses tableaux extravagants. Une plongée ludique dans un monde irrésistiblement inconcevable.
© Julia Buruleva