
Fruit d’une résidence d’artiste en Chine, la série If you want to come and see me, just let me know, réalisée par le couple de photographes Kiko et Mar, sonde les subcultures en Chine. Par l’élaboration de liens profonds avec les personnes qu’il a photographiées, le duo donne à voir une jeunesse qui déborde de créativité et qui s’attache à une certaine liberté.
Une lumière de flash, crue. Des cigarettes écrasées, des lèvres et des yeux peints de noir, et des tatouages imposants. Le couple d’artistes portugais Kiko et Mar a sillonné plusieurs villes de Chine, dans le cadre d’une résidence artistique. À chaque étape de leur parcours, il et elle sont parti·es à la rencontre d’une jeunesse pleine de rêves, qui, dans des espaces alternatifs, vivent leurs cultures, leurs libertés. « Lorsque nous sommes arrivés en Chine, nous n’avons pas photographié tout de suite. Dans un premier temps, nous avons créé des liens. Nous nous sommes fait des amis, nous allions dîner chez eux », précise Mar. Cette démarche se traduit dans le titre de la série If you want to come and see me, just let me know (si tu veux me rendre visite, dis-le-moi, en français). « Il est issu d’un message envoyé par notre hôte, qui décrit parfaitement l’essence de ce travail », explique le couple. Dans un naturel organique, le duo s’empare de son outil argentique. Les prises de vue commencent alors. Pendant des soirées festives, dans des chambres intimes, sur la plage, sur le toit d’un immeuble. « Nous n’utilisons que l’argentique, car nous accordons une grande importance au processus créatif. Ainsi, nous pouvons nous focaliser davantage sur l’intention de la photographie. Aussi, nous aimons le côté imprévisible de l’analogique », soutient Kiko.



Fenêtre sur une intime liberté
La Chine est une vraie découverte pour Kiko et Mar, qui posent pour la première fois les pieds en Asie. « Je n’ai pas du tout reconnu les discours portés par les médias occidentaux sur ce pays, s’étonne Kiko. Si le régime est répressif et autoritaire, nous avons néanmoins observé une certaine liberté, des artistes qui jouissent de leur créativité, des personnes libres de réaliser leur propre entreprise. » Durant son périple, le duo se concentre sur l’échange d’expériences avec celles et ceux qu’il rencontre. « Cela nous a vraiment ouvert une fenêtre intime sur les jeunes gens dans différentes villes du pays, sur leurs modes de vie, leurs cultures », ajoute-t-il. Kiko et Mar mentionnent, par ailleurs, une fête à laquelle il et elle ont participé. Loin de s’imaginer que cette soirée serait la plus folle de toutes les soirées auxquelles il et elle ont pris part. « C’était dans un centre commercial, complètement légal, et par-dessus tout, extraordinaire », s’enthousiasme Kiko. Styles vestimentaires alternatifs et inventifs, et corps libres allongés sur les draps, de la musique semble presque sortir des images qui nous transportent dans un univers festif et joyeux. « Nous croyons qu’en apprenant et en partageant nos cultures, nous pouvons créer une société plus tolérante et plus ouverte, et façonner un monde meilleur. C’est également le devoir de l’art », conclut le couple.












