Kyle Jeffers : Plastiques éclectiques

18 août 2022   •  
Écrit par Ana Corderot
Kyle Jeffers : Plastiques éclectiques

Le photographe canadien Kyle Jeffers fabrique, à l’aide d’objets du quotidien, des compositions et mises en scène délirantes. Une collection insolite et pétillante. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

« La photographie est un miroir à la fois de ma conscience et de mon subconscient. Mon travail est définitivement lié à ma personnalité et à la façon dont je perçois mon environnement. C’est une volonté de ma part si mon œuvre est loufoque ou de mauvais goût. Mes images n’ont pas besoin d’être réelles ou d’avoir un sens. C’est en partie pour cela que j’aime le médium photographique, car il n’y a pas de restrictions », affirme Kyle Jeffers. Depuis ses balbutiements lycéens dans le monde du 8e art, l’artiste canadien se distingue désormais dans la photographie de mode. Habité par une créativité sans borne, l’auteur diffuse gaité et désinvolture à travers une écriture décalée. « Des teintes audacieuses, percutantes, un sujet aléatoire, beaucoup de textures et un éclairage brutal », telle est sa recette magique. Comme ramenées à la vie par des mises en scène délurées et retouchées, ses natures mortes dévoilent des objets du quotidien détournés, revêtant de multiples fonctions. « J’essaie généralement d’enlever la signification ou l’usage coutumier de certains éléments. Cela me permet de les mélanger, de les associer, même s’ils n’ont aucun rapport entre eux  », ajoute-t-il. 

Gadgets de son enfance, bottes de pluie, meubles d’appartement, accessoires d’ambiance… Ici, rien n’est relégué au second plan, et certainement pas la couleur. Car dans les créations visuelles de l’artiste, elle est protagoniste. « Je dirais que c’est la partie la plus importante de mon travail. C’est le moteur de la narration et de l’émotion. Pour ma part, j’utilise des teintes vives et très saturées », explique-t-il. Si pour Michel Pastoureau, historien des couleurs et des codes sociaux, le bleu est une couleur à l’histoire complexe – car méprisée durant l’Antiquité –, elle est devenue pour Kyle Jeffers synonyme de tous les possibles. « Le bleu, celui des cieux, qui nous irradie par une journée ensoleillée, c’est somptueux. Il fonctionne parfaitement bien dans de nombreuses scénographies, et peut être associé à presque toutes les couleurs », avoue-t-il. S’ensuivent des clichés pareils aux bonbons acidulés de notre adolescence, où les formes et les textures prennent vie sur fond de musique pop alternative. « Je conseille au spectateur de mes photos d’écouter Adeodat Warfield. Ses morceaux éclectiques dialoguent bien avec mon œuvre et sont remplis d’optimisme », conclut Kyle Jeffers. 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #54, disponible ici.© Kyle Jeffers

© Kyle Jeffers© Kyle Jeffers

 

© Kyle Jeffers

 

© Kyle Jeffers© Kyle Jeffers

© Kyle Jeffers

Explorez
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
© Ecaterina Rusu / Instagram
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
Photographier signifie souvent montrer, dévoiler, révéler. Pourtant, il arrive que ce qui se trouve de l’autre côté de l’objectif ne...
09 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Ekaterina Perfilieva et l'intime au cœur de la fracture
© Ekaterina Perfilieva, Nocturnal Animals
Ekaterina Perfilieva et l’intime au cœur de la fracture
À la fois distante et profondément engagée, Ekaterina Perfilieva, artiste multidisciplinaire, interroge une contemporanéité...
17 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot