Jesse Williams, photographe installé à Londres, aime mêler la mode et le documentaire. Dans Between the shadows and the saints, il donne à voir une église catholique magnifiée et modernisée.
« Je produis à la fois des photographies de mode et documentaire. Mais ce que j’aime surtout, c’est mélanger ces deux disciplines pour créer de beaux récits visuels »,
explique Jesse Williams. Ce photographe, établi à Londres, perçoit la mode comme un véritable outil narratif. D’abord compositeur, l’artiste s’est tourné vers la photographie en 2015. « C’est rapidement devenu une pratique libératrice et épanouissante », précise-t-il. S’il n’a pas suivi de véritable formation, Jesse Williams se fie à son intuition première pour capturer le monde qui l’entoure.
Between the shadows and the saints explore l’esthétique de l’Église romane, mais également la splendeur des œuvres d’art, des parures et de l’architecture associées à cette religion. « J’ai grandi dans une famille chrétienne, et j’allais régulièrement à l’église lorsque j’étais jeune, confie le photographe. À travers cette série, je souhaitais mettre en lumière l’atmosphère particulière des églises catholiques, leur faire honneur. » Comme à son habitude, Jesse Williams s’est inspiré de l’esthétique de la mode afin de sublimer les différents ornements. Une lumière douce éclaire les robes et les visages des sœurs d’un halo paisible. Des détails des peintures classiques viennent compléter l’ensemble avec noblesse. « On y voit la beauté de l’Église et son influence sur la communauté religieuse », ajoute l’artiste.
Une féérie perdue
Cet hommage à la splendeur des lieux religieux est primordial pour le photographe, car leur beauté se fane. « Les églises que nous visitions en famille appartenaient à un mouvement contemporain qui se détache des lieux saints plus traditionnels », précise Jesse Williams. Si la naissance de ces communautés plus ouvertes d’esprit a fait évoluer les mœurs, elle efface également l’élégance des liturgies chrétiennes classiques. « Sans ces cérémonies, l’Église a perdu son pouvoir enchanteur », déplore le photographe.
En redorant l’image du clergé, Jesse Williams interroge le regardeur. L’esthétique liée à une religion est-elle indissociable des croyances ? L’évolution de la pensée religieuse n’est-elle pas plus satisfaisante ? La modernité à laquelle aspire l’Église peut-elle aller de pair avec la beauté d’antan ? Pour l’artiste, redonner aux lieux saints cette esthétique noble leur permettrait de retrouver une féérie perdue depuis quelques années. « Le fantasme d’une Église décidée à explorer un futur plus grand, plus beau. » Between the shadows and the saints donne à voir une inspiration pour les croyants, comme pour la société. « Après tout, les robes et accessoires du Vatican ont certainement été une grande source d’inspiration pour les marques de haute couture », conclut le photographe.
© Jesse Williams