La sélection Instagram #505 : ce que dit le geste

06 mai 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
La sélection Instagram #505 : ce que dit le geste
© axelle.cassini / Instagram

Langage du corps ou outil, le geste dit et produit. Il peut trahir comme démontrer, parfois même performer. Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine jouent de l’expressivité de nos mouvements et postures, documentent leur caractère pratique et leur capacité signifiante. Si nos gestes, même les plus instinctifs, s’inscrivent dans des traditions et correspondent à des codes, ils peuvent toutefois rompre avec eux et les interroger.

@axelle.cassini

L’acte même de se représenter apparaît comme un geste en tension pour Axelle Cassini, à l’image, dans sa séquence photographique en noir et blanc, tenant fermement le déclencheur de l’appareil dans son poing. Dans l’œuvre de le·a photographe, l’autoportrait devient une scène où l’identité est performée. Jouant avec les codes de la masculinité comme lorsqu’iel s’habille en marin tout en contractant fièrement son biceps, l’artiste démontre la construction à l’œuvre dans toute individualité. Mais iel propose de la déjouer et parvient à se réapproprier sa propre représentation, qui ne peut être, finalement, qu’en perpétuel mouvement.

Autoportrait en marin qui contracte ses biceps
© axelle.cassini / Instagram
Séquence de photographies dans laquelle une main serre fort un déclencheur d'appareil photo
© axelle.cassini / Instagram

@loes.deboer

Dans les autoportraits de Loes de Boer, le visage disparaît au profit du corps. Celui-ci revêt des allures de sculptures, le noir et blanc accentuant ses reliefs et ses ombres et soulignant les postures adoptées. Entre lâcher prise et contrainte, le corps photographié semble vouloir se libérer de toute case dans laquelle il pourrait être enfermé.

Un corps dans une posture contraignante, les bras appuyant une plaque transparente sur le ventre
© loes.deboer / Instagram
Une personne est avachie sur une chaise, la tête baissée, le corps lâchant prise
© loes.deboer / Instagram

@solacium.fotografia

Au sein de son univers d’une inquiétante douceur, Alessandro Manzotti met en scène des corps nus dans des espaces épurés. Au travers de leurs poses et de leurs gestes, ces êtres sans tête se métamorphosent et perdent leur statut de corps. En interaction avec le lieu, ils semblent se confondre avec lui, avec le flou de la délimitation appuyée par l’utilisation du noir et blanc. Leurs mouvements et contorsions, dénués de signification, transforment et déforment.

Un corps nu recroquevillé sur lui-même dans le fond d'un espace épuré e
© solacium.fotografia / Instagram
Gros plan sur une main et d'autres membres du corps entrelacés
© solacium.fotografia / Instagram

@lalie.t.m

Lalie Thébault Maviel recueille, collecte et rassemble des images issues d’ouvrages pour enfants, de manuels de cuisine, des réseaux sociaux comme d’archives audiovisuelles. À travers cette démarche qu’elle qualifie d’archéologique et d’anthropologique, l’artiste propose une anthologie de nos pratiques sociales et culturelles sous forme de livres. On découvre parmi l’un d’eux des images de mains, en gros plan, occupées à pétrir une pâte ou à égrener du blé, nos gestes quotidiens illustrant ainsi nos modes de vie et usages.

Mains tenant une boussole
© lalie.t.m / Instagram
Série de photographies où l'on voit une pâte de pain reposer et des mains pétrir la pâte
@ lalie.t.m / Instagram

@krystynabilak

Krystyna Bilak nous plonge dans un univers photographique où le familier rencontre l’étrange. On y découvre ses sujets, parmi lesquels l’artiste se cache, le visage dissimulé par des objets du quotidien ou curieusement vêtue, vient habiter de manière inattendue l’espace domestique. Dans sa série Welcome, elle interroge la notion de famille, biologique ou choisie, et les liens qui en unissent les membres. Pour son projet, elle intègre des foyers au sein desquels elle reconstitue avec les habitant·es de fausses scènes de vie familiale. L’intimité se révèle sur ses clichés au travers des corps, des gestes et des postures. Se mêle cependant à ces manifestations de détente et de quiétude un certain inconfort.

Une jeune femme est allongée par terre sur un tapis
© krystynabilak / Instagram
Deux jeunes femmes jouent dans un salon, l'une est allongée sur le sol les jambes tendues en l'air pour soulever le corps de la seconde.
© krystynabilak / Instagram
À lire aussi
La sélection Instagram #503 : les pieds sur Terre
© Garrison Garner / Instagram
La sélection Instagram #503 : les pieds sur Terre
À l’occasion de la journée de la Terre, les artistes de notre sélection Instagram de la semaine célèbrent notre planète. Iels…
22 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les…
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger

Explorez
Les images de la semaine du 5 mai 2025 : révolution des corps
© Anouk Durocher
Les images de la semaine du 5 mai 2025 : révolution des corps
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages Fisheye célèbrent les corps sous différentes formes, de sa portée politique aux...
11 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Santé mentale et photographie : 22 séries qui expriment les maux
© No Sovereign Author
Santé mentale et photographie : 22 séries qui expriment les maux
La santé mentale est la grande cause de l’année 2025 en France. Pour cette occasion, la rédaction de Fisheye vous invite à (re)découvrir...
07 mai 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Me Myself and I © Kinu Kamura
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Roxane Cassehgari et Kinu Kamura, nos coups de cœur de la semaine, explorent leurs identités multiples et les mémoires de leurs familles....
05 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 5 mai 2025 : révolution des corps
© Anouk Durocher
Les images de la semaine du 5 mai 2025 : révolution des corps
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages Fisheye célèbrent les corps sous différentes formes, de sa portée politique aux...
11 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
The Journey Home from School © Laura Pannack, United Kingdom, Winner, Professional competition, Perspectives, Sony World Photography Awards 2025.
Sony World Photography Awards 2025 : Photographier le déni, documenter les résistances
Des corps qui chutent, des trajectoires contrariées, des espaces repris de force… Et si la photographie était un langage de reconquête ?...
10 mai 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Marion Gronier, la folie et le regard
© Marion Gronier, Quelque chose comme une araignée / Courtesy of the artist and Prix Caritas Photo Sociale
Marion Gronier, la folie et le regard
Pendant deux ans, Marion Gronier a arpenté des institutions psychiatriques en France et au Sénégal. Sans jamais montrer de visages, elle...
09 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Anouk Durocher : portrait d'une révolution intime
© Anouk Durocher
Anouk Durocher : portrait d’une révolution intime
Nous avons posé quelques questions à Anouk Durocher, artiste exposée à Circulation(s) 2025. Dans son travail, elle explore l'approche...
08 mai 2025   •  
Écrit par Costanza Spina