Le premier rodéo de Nicolas Seurot

24 avril 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Le premier rodéo de Nicolas Seurot

Le photographe français Nicolas Seurot, 46 ans, s’est rendu au cœur du Texas pour capturer les cowboys et les spectacles de rodéo. Dans HeeHaw, il donne à voir une communauté mue par un désir de liberté.

Ancien créatif publicitaire, Nicolas Seurot s’est tourné vers la photographie il y a deux ans. Un changement radical, qu’il explique par la frustration grandissante de ne pouvoir réaliser lui-même ses images. « J’ai passé ma vie à imaginer des centaines de campagnes, mon terrain de jeu photographique est égal à toutes les techniques que j’ai assimilées », précise l’auteur, qui définit son approche du média comme « schizophrène ». Si la publicité l’a plongé dans une iconographie mensongère, Nicolas Seurot désire désormais capturer la réalité. Une interprétation touchante et brute de son environnement.

Fasciné par les États-Unis, le photographe a d’abord réalisé Westland, une série sur l’Ouest américain. « J’ai ensuite cherché à représenter une expérience humaine, j’avais envie de réaliser de beaux portraits, en extérieur, en ciblant une communauté », confie-t-il. En se plongeant dans la recherche d’un sujet, l’auteur songe aux cowboys, un « rêve de gosse », qui l’inspire. Il contacte alors Yvan Jayne, un marseillais, devenu champion de rodéo, au Texas. Trois semaines plus tard, son boîtier à la main, il s’immisce dans le quotidien de ces étranges sportifs, perdus entre passé et présent. « Quand on commence un projet sur les cowboys, le rodéo s’impose comme une évidence. Des gars en pleine overdose de testostérone, d’une profonde humilité… Ils risquent la tétraplégie à chaque ouverture de portails… Je n’en reviens toujours pas de la violence de cette pratique ! », confie Nicolas Seurot.

Un danger exaltant

À pas de velours, en privilégiant les longues focales, le photographe s’immerge dans l’atmosphère tumultueuse des ranchs. D’abord méfiants, les hommes s’habituent rapidement à sa présence, le laissant s’approcher et goûter à ce quotidien singulier. « Je ne savais pas à quoi m’attendre, j’avais une vision très française de cette communauté. Quand on pense au Texas et aux cowboys, on songe facilement à Trump… » raconte-t-il. Sans jugement, il écoute les peurs et les opinions de ces Texans. Une communauté qui n’a jamais voyagé à plus de quarante kilomètres de son foyer. « Un jeune homme d’une vingtaine d’années m’a même demandé comment on payait en France, si nous aussi on avait de la monnaie, des billets », ajoute Nicolas Seurot.

Le rodéo, sa violence et son danger exaltant agissent alors comme un shoot d’adrénaline, une échappatoire. L’envie de liberté se lit sur les visages, et dans les corps des hommes, montant leurs chevaux avec bravoure. « C’est un sport qui réunit beaucoup de couches sociales – des fils de gros propriétaires aux palefreniers de ranch. Tout est organisé dans un profond respect de l’autre, de l’instructeur et de sa monture », confie l’auteur de HeeHaw. En capturant des scènes d’action et des symboles emblématiques de cette pratique, il révèle une certaine poésie. Les hommes, habillés en gilet, jean, santiags, ceinturon et chapeau, se donnent sans concession à la brutalité. Presque nus, ils affrontent le danger avec courage et panache, comme un pied de nez à la mort. Une évasion touchante et captivante.

© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot© Nicolas Seurot

© Nicolas Seurot

Explorez
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
The root of all that lives, 2020 © Tyler Mitchell. Courtesy de l'artiste et de la Galerie Gagosian
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
Jusqu’au 25 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie présente la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
© Simon Phumin / Instagram
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se plongent dans les livres et les univers composés de mots. Ouvrages, magazines...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
The root of all that lives, 2020 © Tyler Mitchell. Courtesy de l'artiste et de la Galerie Gagosian
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
Jusqu’au 25 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie présente la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet