Depuis 2000, le Prix Carmignac du photojournalisme soutient la production d’un auteur engagé. Si la thématique se décline au fil des ans, le reportage d’investigation porte toujours sur les violations des droits humains et les enjeux qui en découlent. Cette 12e édition était ainsi consacrée au Venezuela. Démocratie prospère dans les années 1960-1970, l’abondance de ses réserves pétrolières et minières faisait du pays un véritable eldorado. Mais ces dernières décennies, une vague de crises financières et politiques sur fond de corruption, de chute du cours du pétrole et d’hyperinflation a déferlé, brisant irrémédiablement cet âge d’or. Plongées dans un état de récession, les populations locales ont alors développé une économie parallèle. À ce jour, les trois-quarts des habitants se trouvent en situation d’extrême pauvreté, annihilant toute forme de classe moyenne. Ce sujet, au cœur des préoccupations de Fabiola Ferrero, lui a permis de remporter le Prix Carmignac 2022.
Une photographe engagée en bien des aspects
Journaliste de profession, les projets de Fabiola Ferrero cristallisent un contraste entre la douceur des souvenirs d’enfance et la réalité brutale de son Venezuela natal. En entremêlant images d’archives, vidéos et clichés contemporains, elle parvient à rendre compte d’une réussite économique révolue qui s’oppose à la nouvelle conjoncture de la région. « Ma famille, mes amis et, plus tard moi-même, nous avons quitté le Venezuela, ne laissant que les traces d’une promesse disparue depuis longtemps. Je suis retournée creuser dans le passé pour photographier les vestiges d’une gloire perdue construite sur le pétrole. Ce reportage est la recherche d’un pays qui a existé avant l’effondrement », explique-t-elle.
Lauréate des prix Inge Morath, 6Mois et de la bourse Getty Images, de nombreux médias de renom – tels que TIME, The New York Times, National Geographic ou encore Le Monde pour ne citer qu’eux – ont publié ses enquêtes. Engagée en bien des aspects, la photographe de 31 ans a également lancé Semillero Migrante en 2021, un programme de mentorat autour de la migration. Pour l’heure, ce bel aperçu de son implication est à découvrir jusqu’au 11 septembre au festival Visa pour l’Image. Le Réfectoire des Cordeliers à Paris et les quais de Solférino l’exposeront par la suite du 27 octobre au 22 novembre prochain. Une monographie co-publiée par la Fondation Carmignac et Relief Éditions viendra également figer ce travail sur papier d’ici la fin de l’année.
© Fabiola Ferrero for Fondation Carmignac