La seconde édition du Prix Viviane Esders a révélé le nom de son lauréat : Pierre de Vallombreuse. Un photographe puisant son inspiration dans ses voyages et ses rencontres avec des peuples autochtones aux quatre coins du globe.
Créé en 2022, le Prix Viviane Esders entend rendre hommage à un ou une photographe européen·ne professionnel·le de plus de 60 ans dont la qualité du parcours mérite une plus grande attention. Doté de 60 000 euros, l’événement permet au·à la lauréat·e de publier un ouvrage et de réaliser les projets qui lui tiennent à cœur. Une promesse qui a su attirer plus de 200 candidat·es, venu·es de 14 pays européens. Après avoir couronné l’Italien Mario Carnicelli lors de sa première édition, le jury du prix a choisi cette année de récompenser Pierre de Vallombreuse, créateur d’une œuvre profondément humaniste. « Pierre de Vallombreuse s’est engagé, utilisant le témoignage photographique, pour l’existence et la survie de tous les peuples victimes historiquement des États nationaux et dont les civilisations sont victimes de notre civilisation », confie le sociologue et philosophe Edgar Morin à son égard.
Comprendre, c’est avoir moins peur
C’est lors d’un voyage à Bornéo, en 1985, que l’auteur de 60 ans décide de devenir « témoin nomade ». Convaincu de la nécessité de défendre la pluralité des cultures, de donner à voir les nuances du monde et de ses communautés, il ne cesse d’arpenter les cinq continents, partant à la rencontre des peuples autochtones pour les photographier. Abandonnant, à leur contact, son « moi social », il se lave de ses propres convictions, pour s’immerger, tel un nouveau-né, dans des traditions qu’il ne connaît pas encore. Un processus lui permettant de révéler, grâce à l’image, des questionnements atemporels autour des civilisations et de leur héritage. Et, dans un monochrome poétique, il capte leurs émotions, leur complexité, leur humanité avec une grande élégance. « J’essaie toujours de comprendre, sans préjugés, comment les gens vivent à tel endroit du globe. Comprendre, c’est avoir moins peur », affirme l’artiste.