Le Réel merveilleux : voyage onirique au cœur de l’Amérique latine

25 novembre 2021   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le Réel merveilleux : voyage onirique au cœur de l’Amérique latine

Jusqu’au 23 décembre, la Galerie Rouge nous emporte au cœur d’un monde réel, pourtant empreint d’onirisme. L’occasion rêvée de redécouvrir l’Amérique latine à travers les sublimes clichés de Sandra Eleta, Manuel Álvarez Bravo et Colette Urbajtel.

Il y a quelques mois, Agathe Cancellieri prenait le poste de directrice à la Galerie Rouge – anciennement la Galerie Agathe Gaillard. C’est ainsi qu’elle a découvert les images enchanteresses de Sandra Eleta et qu’elle a eut l’idée de constituer une exposition intitulée Le réel merveilleux. Une référence à un genre littéraire latino-américain qui entremêle réalités sociales et mondes magiques et surnaturels.

Il faut dire que les clichés de Sandra Eleta, réalisés à la fin des années 1960, figurent des sujets à la fois familiers et étrangers. Les enfants de Portobelo, cité portuaire du Panama dans laquelle elle séjourne pendant quatre années, côtoient, par exemple, une guérisseuse aux pouvoirs mystérieux. La nature luxuriante, qui abonde les paysages, enveloppe ses formats carrés d’une aura singulière. Enfin, les regards pénétrants et les sourires sincères exaltent toujours la douceur d’une insouciance contagieuse. Ils témoignent, finalement, du profond respect que l’artiste panaméenne porte à l’égard des peuples indigènes qu’elle photographie. Car si son nom est peu connu en France, c’est notamment en raison de son dévouement envers ces cultures locales qui peinent à subsister.

© Sandra Eleta© Sandra Eleta

 © Sandra Eleta / Galerie Rouge

Une réalité immuable qui n’a de cesse de nous transporter

Les impressions argentiques de Sandra Eleta trouvent une certaine résonnance avec celles de Colette Urbajtel et de Manuel Álvarez Bravo, également exposées à la galerie. Ces trois personnalités se sont rencontrées à de multiples reprises au cours de leur existence. Leurs travaux, quoique différents, ont en commun cet amour pour leur région. Le couple est aussi très attaché au Mexique, pays qu’il n’a jamais quitté. Il a toujours eu à cœur de faire vivre sa culture au travers d’un regard résolument moderne et poétique. Une vision qui, aujourd’hui encore, n’a pris aucune ride.

Car rien ne permet de dater les mises en scène des deux artistes. Leurs images font continuellement abstraction des éléments temporellement identifiables, mais, surtout, de l’arrière-plan. Un invisible fertile pour l’imaginaire du spectateur qui doit inventer ce qui se passe en dehors des cadres. Leurs personnages ont, quant à eux, souvent l’air songeurs quand ils ne sont pas plongés dans des rêveries ensommeillées. Les ombres et les visages cachés évoluent, qui plus est, dans des environnements qui suscitent l’évasion de l’esprit. Un univers hors du temps à l’image, sûrement, des quelques tirages au platine-palladium qui ponctuent l’exposition. Ainsi cette technique atemporelle inscrit-elle les récits capturés dans une réalité immuable, qui n’a de cesse de nous transporter.

© Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo© Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

 © Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Sandra Eleta

 © Sandra Eleta / Galerie Rouge

© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

Image d’ouverture © Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo

Explorez
Dans l’œil de Jana Sojka : nostalgie filante dans la nuit floue
© Jana Sojka
Dans l’œil de Jana Sojka : nostalgie filante dans la nuit floue
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Jana Sojka, photographe dont nous vous avions déjà présenté les collages. Pour Fisheye...
17 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #532 : Sébastien François et Matthieu Baranger
© Sébastien François
Les coups de cœur #532 : Sébastien François et Matthieu Baranger
Sébastien François et Matthieu Baranger, nos coups de cœur de la semaine, ont fait de l’architecture urbaine la muse de leurs projets...
17 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #530 : Léna Mezlef et Diane Desclaux
© Diane Desclaux
Les coups de cœur #530 : Léna Mezlef et Diane Desclaux
Léna Mezlef et Diane Desclaux, nos coups de cœur de la semaine, nous emmènent en voyage. La première nous fait découvrir l’Amérique...
03 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #491 : calendrier de la lune
© Thomas Cheung / Instagram
La sélection Instagram #491 : calendrier de la lune
C’est sous le signe du Serpent de bois, incarnant la sagesse et la réflexion, que s’ouvre la nouvelle année lunaire. Les artistes de...
28 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
© Aletheia Casey
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye sondent la société par l’entremise de mises en scène, de travaux...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
22 février 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger