Jusqu’au 23 décembre, la Galerie Rouge nous emporte au cœur d’un monde réel, pourtant empreint d’onirisme. L’occasion rêvée de redécouvrir l’Amérique latine à travers les sublimes clichés de Sandra Eleta, Manuel Álvarez Bravo et Colette Urbajtel.
Il y a quelques mois, Agathe Cancellieri prenait le poste de directrice à la Galerie Rouge – anciennement la Galerie Agathe Gaillard. C’est ainsi qu’elle a découvert les images enchanteresses de Sandra Eleta et qu’elle a eut l’idée de constituer une exposition intitulée Le réel merveilleux. Une référence à un genre littéraire latino-américain qui entremêle réalités sociales et mondes magiques et surnaturels.
Il faut dire que les clichés de Sandra Eleta, réalisés à la fin des années 1960, figurent des sujets à la fois familiers et étrangers. Les enfants de Portobelo, cité portuaire du Panama dans laquelle elle séjourne pendant quatre années, côtoient, par exemple, une guérisseuse aux pouvoirs mystérieux. La nature luxuriante, qui abonde les paysages, enveloppe ses formats carrés d’une aura singulière. Enfin, les regards pénétrants et les sourires sincères exaltent toujours la douceur d’une insouciance contagieuse. Ils témoignent, finalement, du profond respect que l’artiste panaméenne porte à l’égard des peuples indigènes qu’elle photographie. Car si son nom est peu connu en France, c’est notamment en raison de son dévouement envers ces cultures locales qui peinent à subsister.
© Sandra Eleta / Galerie Rouge
Une réalité immuable qui n’a de cesse de nous transporter
Les impressions argentiques de Sandra Eleta trouvent une certaine résonnance avec celles de Colette Urbajtel et de Manuel Álvarez Bravo, également exposées à la galerie. Ces trois personnalités se sont rencontrées à de multiples reprises au cours de leur existence. Leurs travaux, quoique différents, ont en commun cet amour pour leur région. Le couple est aussi très attaché au Mexique, pays qu’il n’a jamais quitté. Il a toujours eu à cœur de faire vivre sa culture au travers d’un regard résolument moderne et poétique. Une vision qui, aujourd’hui encore, n’a pris aucune ride.
Car rien ne permet de dater les mises en scène des deux artistes. Leurs images font continuellement abstraction des éléments temporellement identifiables, mais, surtout, de l’arrière-plan. Un invisible fertile pour l’imaginaire du spectateur qui doit inventer ce qui se passe en dehors des cadres. Leurs personnages ont, quant à eux, souvent l’air songeurs quand ils ne sont pas plongés dans des rêveries ensommeillées. Les ombres et les visages cachés évoluent, qui plus est, dans des environnements qui suscitent l’évasion de l’esprit. Un univers hors du temps à l’image, sûrement, des quelques tirages au platine-palladium qui ponctuent l’exposition. Ainsi cette technique atemporelle inscrit-elle les récits capturés dans une réalité immuable, qui n’a de cesse de nous transporter.
© Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo
© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo
© Sandra Eleta / Galerie Rouge
© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo
© Manuel Álvarez Bravo / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo
© Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo
Image d’ouverture © Colette Urbajtel / La Galerie Rouge – Asociacíon Manuel Álvarez Bravo