Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Habitué des musées, Michel Gantner compose des fresques photographiques amusantes, faisant dialoguer grands peintres et curieux visiteurs.
« Mes deux parents exercent la profession de peintres. J’ai grandi dans un milieu où la dimension esthétique était une préoccupation quotidienne. Aussi, une formation en école d’art s’imposait »
, déclare Michel Gantner. Après avoir étudié aux Beaux-Arts de Mulhouse, puis aux Arts Décoratifs de Strasbourg, l’auteur s’est tourné vers le monde de l’image, devenant photographe indépendant en 1998. Profondément influencé par son éducation, il capture son environnement avec sensibilité. Inspiré par l’avènement du numérique, il développe une pratique composite, faisant dialoguer technologies modernes et influences anciennes. « Si figures et portraits ont constitué une part importante de mes premières activités, peu à peu, les objets et le monde végétal – se prêtant à maintes interprétations graphiques – sont devenus une source d’inspiration essentielle », précise-t-il.
À la recherche de la scène parfaite
C’est dans un environnement familier – la National Gallery de Londres – que la série Muséal a vu le jour. « En visitant l’établissement, il y a deux ans, j’ai été frappé par le rapport familier que le public entretenait avec les œuvres, au point, me semblait-il, de se confondre avec elles », se souvient Michel Gantner. Charles Timbal, Théodore Géricault, Eugène Delacroix… Les fresques des grands maîtres se fondent dans le présent, attrapant dans leur filet les visiteurs curieux, perdus dans une contemplation rêveuse.
On retrouve, dans les images du photographe, une dimension ludique. Chaque prise de vue s’impose comme une véritable performance. On imagine l’auteur tapie, se noyant dans la foule qui arpente le musée, à la recherche de la scène parfaite. « Il était impératif de déceler des similitudes entre les observés et les observants : les rapprochements des attitudes, des couleurs et des lumières entraînent une indispensable confusion, qui conduit à notre égarement », précise-t-il. Figés dans l’action, ses modèles semblent prendre part aux toiles, et donnent à ces chefs-d’œuvre une noblesse contemporaine. Une fusion des siècles interrogeant avec humour notre rapport à l’art classique, dans un monde submergé par le digital.
© Michel Gantner