Jusqu’au 13 novembre, de 22h à 23h, Approche, salon dédié à l’image et à l’expérimentation, propose une expérience de sommeil partagée intitulée The Guardians of Sleep. Une performance inédite, signée David Weber-Krebs.
Quelle est l’activité la plus fragile ? Le sommeil. Selon le critique d’art et essayiste américain Jonathan Crary, le sommeil est surtout la dernière activité humaine qui n’ait pas été colonisée par le capitalisme : quand on dort, on ne produit pas, et on ne consomme pas (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 : le capitalisme à l’assaut du sommeil, édition La découverte). Et quand on dort, on est à la merci de celui ou celle qui partage notre lit, notre foyer, ou encore notre écran. Le sommeil, tout comme Internet et son économie sont difficilement contrôlables. La preuve en images, du jeudi 11 au samedi 13 novembre, dans le cadre du salon Approche. De 22h à 23h, l’artiste, chercheur et commissaire d’exposition David Weber-Krebs propose une performance en ligne intitulée The Guardians of Sleep. Une expérience de sommeil partagée inédite conduite lors d’un appel zoom par un·e perfomeur·se. La pandémie a certes ouvert les chakras, et cette proposition intrigue.
Esthétique de l’instantanée
Installez-vous confortablement, l’immersion commence. Les seules règles ? Laisser la caméra et les haut-parleurs allumés. La suite se déroule dans un salon virtuel où un ou une gardienne nous sur-stimule d’images. « Nous produisons un flux ininterrompu de photos pour documenter notre vie, raconter des anecdotes. En utilisant ces clichés de tous les jours, le ou la performeuse réalise son autoportrait », explique le créateur David Weber-Krebs. Vient alors un moment où les images prennent le dessus, et suivent un cheminement autonome. Véritable tourbillon hypnotique, presque méditatif The Guardians of Sleep force au lâcher-prise. « J’ai conçu cette pièce en 2017, pour la scène. Le théâtre est un espace clos, protégé convoquant une certaine forme d’attention et de concentration », précise celui qui s’intéresse à la notion de fragilité et autres questions existentielles. Car la présentation de cette œuvre multimédia sur un salon marchand interroge notre rapport au temps, comme à l’humanité. Le ou la collectionneur·se choisit, en fonction de son budget, un nombre d’activations – cinq, dix ou vingt – pour cette pièce vendue pour une durée de 20 ans. « Il ou elle va être le témoin de l’évolution de la vie du ou de la performeur·se qui aura modifié son récit, sa séquence d’images ». Une esthétique de l’instantané repérée par Emilia Genuardi, fondatrice et directrice d’Approche, qui témoigne du rapport évident entre l’art et la vie et qui fait sens dans ce salon dédié à l’expérimentation. Une œuvre plus que bienvenue en ces temps de course folle après l’image. Et si The Guardians of Sleep coute plus cher qu’une boîte de Lexomil, la performance offre un espace de réflexions sain et performant pour qui souhaite gagner les bras de Morphée…
Réservations par ici.
© David Weber-Krebs