Lors de la foire d’art contemporain africain 1:54 à Marrakech, la galerie ivoirienne Cécile Fakhoury présentait le travail de François-Xavier Gbré. Né à Lille en 1978, le photographe franco-ivoirien a fait ses études à l’Ecole Supérieure des Métiers Artistiques à Montpellier. Il vit et travaille à Abidjan depuis 2013. Ses images évoquent la rencontre du temps et de l’espace et nous renvoient à notre histoire. Un portrait signé Camille Moulonguet.
François-Xavier Gbré débute sa carrière du côté de la photographie de mode et du design et garde de ces pratiques une sensibilité pour l’objet. Au Macaal (Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden) à travers Africa is no Island, François-Xavier Gbré montre quatre images saisies à Lille (Usine Unilever), en Israël (Elizabeth Hotel), à Dakar (Palais de Justice) et au Bénin (Imprimerie Nationale). Ses prises de vue immobiles et rigoureuses transforment le bâti en monument. Il comble ce qu’il appelle « son manque d’éducation par rapport à ce passé » en documentant de nouveaux endroits. Il complète ainsi la conscience historique des rapports entre le Nord et le Sud, entre le passé et le présent. Et ces bâtiments vides fonctionnent « comme des boîtes à secret ».
Le travail du photographe franco-ivoirien se construit sur des recherches au long cours, dialoguant entre elles, au fil des différentes séries. La série Tracks, par exemple, est composée de plusieurs chapitres réalisés sur une dizaine d’années de recherche. « Quand on travaille sur le bâti, on a besoin de temps. Je m’appuie sur des cartes, des archives, ça construit et ça détruit beaucoup », explique-t-il. La plupart de ses images sont prises en Afrique de l’Ouestoù l’architecture, longtemps sous influence exogène, présente une dimension narrative hors pair. Comment vivre avec un héritage colonial dont les fonctions n’existent plus ? Qu’est ce qu’on abandonne et qu’est ce qu’on construit ?
Actuellement, il poursuit un travail initié il y a quelques années dans le quartier de Gobélé, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ce quartier, figurant sur une carte de 1971, est régulièrement détruit par le pouvoir en place, prétextant son illégalité, puis est reconstruit par ses habitants. En 2015, la galerie Cécile Fakhoury présentait une installation de l’artiste qui dépliait l’histoire de ce lieu. Là encore, François-Xavier Gbré s’interrogeait sur ce que l’homme construit et sur ce qu’il détruit, au regard des évènements historiques et politiques.
© François-Xavier Gbré