Les corps décorés de Philip Provily

11 janvier 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les corps décorés de Philip Provily

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité. À la chambre photographique, Philip Provily compose des natures mortes surréalistes où cohabitent divers accessoires et parties du corps humain.

« C’est à New York que la photographie m’a séduit. Un galeriste m’a sorti de son tiroir un tirage platine palladium en noir et blanc d’Irving Penn. J’ai été touché par sa beauté, sa force d’expression… J’ai alors découvert le chemin qu’il me fallait suivre »

, se souvient Philip Provily. D’origine néerlandaise, l’artiste vit et travaille en France depuis vingt ans, développant une œuvre inspirée par la noblesse et le classicisme de l’argentique, comme par les tableaux de Rembrandt et de Vermeer. D’abord installé dans la capitale, il exerce aujourd’hui en plein cœur de la campagne et compose ses images à l’aide de la lumière naturelle qui « crée de la douceur, de la finesse et une certaine profondeur ». Une alliée de taille donnant vie à ses expérimentations insolites.

Fasciné par la charge symbolique des clichés, Philip Provily recherche l’interaction de différents univers au cœur de son travail. Le vivant et l’objet, l’imaginaire et le réel… Une exploration faite de contrastes et de nuances qu’il se plaît à décliner. « Je choisis avec rigueur le cadrage et la composition, tout comme j’adore travailler l’éclairage pour révéler les détails subtils », précise-t-il.

© Philip Provily© Philip Provily

Des natures mortes étrangement vivantes

Une silhouette masculine coiffée d’une assiette blanche, une femme à tête de chaise, deux jumelles curieusement enlacées, une nature morte à la jambe dénudée… Dans les créations de l’auteur, les végétaux et les éléments de décors se mêlent aux corps humains pour composer des mises en scènes surréalistes. Dans ses installations, la raison perd tout sens, les échelles s’évanouissent et nos perspectives se troublent : contemplons-nous un véritable décor, ou la simple représentation d’un rêve fou ?

Il y a, dans les clichés de Philip Provily, une volonté de rendre hommage aux œuvres de Man Ray et de René Magritte. Une drôle d’absurdité déconstruisant nos repères avec poésie. Et, pour construire ces tableaux étonnants, pas de retouches numériques, mais un simple goût pour la pose. « L’assiette, par exemple, a été prise dans mon appartement à Amsterdam. J’ai posé assis à table, une assiette collée sur ma tête, un déclencheur à la main », explique-t-il. Travaillant avec des Polaroïds pour ériger ses bizarreries réussies, le photographe shoote ensuite à la chambre moyen format. « Un travail lent comparé aux possibilités d’aujourd’hui. Mais j’aime prendre ce temps pour réfléchir au cadrage, à la lumière », précise-t-il. En résultent des natures mortes – ou still lifes, puisque l’auteur préfère le terme anglais – étrangement vivantes, interrogeant les notions de performance comme d’identité. Car, dans ces étranges images, l’anonymat des modèles demeure presque entier. Comme une simple excentricité esthétique. Une manière de révéler l’éclat des courbes et l’harmonie des matières en s’affranchissant du constat du corps.

© Philip Provily© Philip Provily

 

© Philip Provily

© Philip Provily

© Philip Provily

 

© Philip Provily© Philip Provily

© Philip Provily

Explorez
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
Speak the Wind, 2015-2020 © Hoda Afshar, Courtesy de l'artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.
Les images de la semaine du 29 septembre 2025 : expositions et représentations
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent de certaines des expositions du moment et de sujets qui...
05 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
La première photographie qui t’a marquée et pourquoi ? © Jenny Bewer
Billie Eilish, hasard et ambivalence : dans la photothèque de Jenny Bewer
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Panorama 27 : au Fresnoy, l’image réinventée
Daniel Duque, Pacifico, film, 2025, production Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains © Daniel Duque
Panorama 27 : au Fresnoy, l’image réinventée
Au cœur du Fresnoy, l’exposition annuelle Panorama est devenue un rendez-vous incontournable. Pour sa 27e édition, l’événement orchestre...
02 octobre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
Residency InCadaqués 2025 © Antoine De Winter
13 expositions photographiques à découvrir en octobre 2025
La rentrée scolaire est souvent synonyme de foisonnement d'expositions. Pour occuper les journées d'automne et faire face à la dépression...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
Untitled, 2008 © Anna Di Prospero
Retrouvez Fisheye au Salon de la Photo 2025 !
La grande halle de la Villette accueille, du 9 au 12 octobre 2025, la nouvelle édition du Salon de la Photo. Rendez-vous en ce début...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
© Chloé Nicosia, One Hundred Trillion Dollars / Courtesy of the artist and Rencontres photographiques du 10e
Rencontres du 10e 2025 : une biennale en prise avec le monde
Pour cette édition 2025 des Rencontres photographiques du 10e, qui défie une nouvelle fois les attentes, les photographes mis·es en avant...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Milena III