Cette semaine, deux de nos lecteurs nous emmènent en voyage. Alper Yesiltas partage avec nous ses clichés intimistes et aériens, et Emmanuel Monzon étudie le vide dans les espaces urbains. Voici nos coups de cœur de la semaine.
Alper Yesiltas
Alper Yesiltas est un photographe turc, vivant à Istanbul. Ses photographies immortalisent l’instant, le spontané. Pour lui, l’image n’a pas besoin d’être étudiée. « Je pense que l’œil photographique est inné, explique-t-il. Si on l’a, chaque moment est “le bon moment” pour prendre une photo, il faut simplement se souvenir que c’est notre propre imagination qui nous dirige, et tout devient possible. » Cette fenêtre, c’est une ouverture mystérieuse sur un bâtiment en face de chez lui. « Elle n’ouvrait pas sur un appartement, mais sur un couloir. Son emplacement la rendait secrète, et j’étais le seul à pouvoir la voir, changeante au fil des saisons, cette idée m’a tellement plu que j’ai décidé de la photographier. » Étrange et attrayante, cette embrasure au rideau volant l’accompagne dans son quotidien, jusqu’à sa brutale destruction. Une série délicate et pleine de charme.
© Alper Yesiltas
Emmanuel Monzon
Emmanuel Monzon vit actuellement à Seattle, aux États-Unis. Il se considère comme un peintre qui utilise la photographie comme un passage transitionnel. «Je suis dans l’entre-deux, je suis un photographe qui peint ou un peintre qui utilise la photographie», explique-t-il. Quant à son approche ? « Elle est méticuleuse et désordonnée à la fois ». Le format carré, sa signature, lui permet de « “focuser” sur le sujet principal ». Les images qui composent Urban sprawl emptiness ont été réalisées ces cinq dernières années dans l’Ouest américain et dans les états du Nevada, de l’Utah, de l’Arizona et de Californie ainsi que dans sa région, l’état de Washington. Emmanuel Monzon est fasciné par le vide dans le paysage urbain et les espaces de transition. « On retrouve souvent cette sensation de vide, de paradoxe visuel en se déplaçant aux États-Unis. Je crois que l’expansion du paysage urbain ou industriel dans le paysage américain a redéfini cet espace et qu’il est devenu lui-même un “non-lieu” », confie le photographe.
© Emmanuel Monzon