Victor Cambet et Mathilde Vanmansart, nos coups de cœur #281 sont tous deux guidés par leur curiosité. Le premier recherche la surprise dans la rue, tandis que la seconde se lance dans de grandes aventures.
Victor Cambet
Designer graphique de formation, Victor Cambet, 24 ans, s’est intéressé au médium photographique alors qu’il étudiait l’histoire de l’art. « Les univers de Joel Meyerowitz et Saul Leiter m’inspiraient beaucoup et m’ont poussé à me tourner vers la photographie de rue. C’est lorsque j’ai emménagé à Montréal que je me suis véritablement plongé dans le 8e art : j’ai acheté un boîtier et commencé à me perdre dans les rues de la ville pour la découvrir », raconte-t-il. Dans ce labyrinthe urbain, l’auteur capture des fragments humains, subtils et éphémères. En isolant ses sujets, il joue avec l’émotion qu’ils lui transmettent. « Aujourd’hui, le physique parfait est codifié, réaliser des portraits de rue est ma manière de montrer la vraie beauté de l’humain, celle que l’on croise tous les jours, mais qu’on ne remarque pas », ajoute-t-il. Porté par la frénésie citadine, Victor Cambet observe avec attention son environnement, à la recherche d’une pépite graphique, chez lui comme ailleurs. « Lors de mon voyage au Japon, par exemple, j’ai pu shooter un moment précieux, en croisant des Geishas dans les ruelles de Kyoto », précise-t-il. Une sublime « collection imprévisible d’instants de vie ».
© Victor Cambet
Mathilde Vanmansart
« Je suis une quarantenaire assez casanière qui ne peut s’empêcher, poussée par la curiosité, de se lancer dans des aventures farfelues à travers le monde »
, déclare Mathilde Vanmansart. Après une expérience en tant que programmatrice d’espaces d’expositions d’arts visuels, la photographe s’est formée aux Gobelins, où elle développe son goût pour l’inconnu. En 2019, elle embarque sur un navire de 400 mètres, capable de transporter jusqu’à 24 000 conteneurs, pour un voyage de six semaines, aux côtés des marins. « Cet univers a chatouillé mon imagination. Les méga porte-conteneurs sont des monstres illustrant la toute-puissance de la mondialisation, et pourtant, ils demeurent des géants fragiles, dépendants des conditions météorologiques, politiques, économiques ou même sanitaires – comme actuellement avec le Coronavirus – j’avais envie d’interroger ce paradoxe », explique-t-elle. Tout en minimalisme, l’artiste illustre le quotidien des travailleurs de la mer, isolés au cœur de ces constructions colossales. « J’ai été surprise par leur solitude et leur douceur : j’avais imaginé un univers machiste transpirant l’huile de moteur, et j’ai finalement découvert une grande délicatesse dans leurs attentions – pour les pots de fleurs à bord ou encore pour nourrir les oiseaux embarqués », ajoute-t-elle. Un monde aussi photogénique que mystérieux.
© Mathilde Vanmansart
Image d’ouverture : © Mathilde Vanmansart