Davide Fecarotti et Jay Davies, nos coups de cœur #336 photographient tou·tes deux l’intimité. L’un s’inspire de sa vie d’expatrié, tandis que l’autre célèbre la diversité des corps.
Davide Fecarotti
De Palerme à la France, de la France à la Belgique, ce sont les traversées de territoires qui inspirent Davide Fecarotti. Né à Palerme en 1997, le photographe étudie désormais à l’ESA Saint-Luc de Tournai, où il développe « [s]a propre vision du monde, en créant un lien fort avec [s]a terre natale et [s]es origines siciliennes ». « Je crois beaucoup au caractère aléatoire des choses », poursuit-il. Privilégiant une approche artistique spontanée, l’auteur capture des « narrations poétiques », mettant en scène ses proches dans des scénarios imprévus, donnant forme à « une odyssée photographique ». À travers Il paese incantato – Le pays enchanté, en français – Davide Fecarotti revient sur le chemin parcouru en deux ans. Mêlant métaphores, abstraction et instants ordinaires, il construit un espace magique, en constante évolution. « Les gens qui m’entourent deviennent les acteurs d’un théâtre intime. Inconsciemment, une fracture dans un mur, un arbre plié me ramènent à des sensations éprouvées en grandissant. J’essaie de photographier ainsi : comme une citation de ma mémoire, à travers le changement continu des saisons, et des paysages qui sont les décors de mes fictions », raconte-t-il.
© Davide Fecarotti
Jay Davies
« Je suis un·e artiste non binaire queer, quelque part entre la vingtaine et la trentaine, d’origine maorie, et, parfois, je partage mes expériences de l’amour, du désir, et aussi de mes insécurités »,
confie Jay Davies. C’est par peur de perdre la mémoire, et d’oublier ses propres expériences qu’iel débute la photographie. Rapidement, le médium devient un outil introspectif, lui permettant de préserver des instants intimes « C’est devenu une extension de qui je suis. Les fêtes, les performances, les gens, les amis, les amants, les partenaires », ajoute-t-iel. Au cœur de son œuvre ? Le corps humain. Un sujet qui le·a fascine et l’effraie. « J’ai toujours douté de ce à quoi un corps “normal” doit ressembler, et ressentir. J’ai commencé à capturer les corps de mes amis de manière à combattre ma propre anxiété vis-à-vis de la nudité. Dès mes premiers partages, j’ai réalisé que mes craintes étaient universelles – surtout au sein de la communauté queer. Cela m’a poussé à lancer des débats autour du sujet, et à célébrer les corps queer », confie-t-iel. Sans jamais sexualiser ses modèles, Jay Davies réalise une collection de portraits décomplexée. Nus, ses sujets se dévoilent sans tabou, et célèbrent la diversité humaine.
© Jay Davies
Image d’ouverture : © Jay Davies