Nos coups de cœur #338, Sven Forsans et Toufic Beyhum, sont tous deux inspirés par leur environnement. L’un capture le charme de ses escapades, et l’autre documente les conséquences de la mondialisation sur son pays d’adoption.
Sven Forsans
C’est après la naissance de son premier enfant que Sven Forsans, photographe franco-norvégien de 37 ans, a découvert le 8e art. « À l’époque, j’avais acheté un compact, lors d’un voyage en Norvège que j’avais malheureusement perdu. Au retour, au duty free, j’avais opté pour un reflex, dans l’optique de prendre de belles photos de mon fils, et, de fil en aiguille, je me suis pris au jeu », se souvient-il. Aujourd’hui, l’auteur « pense photo tout le temps », et immortalise ses périples autour du monde, comme dans le cadre de son quotidien. Son boîtier toujours à la main, il « fige dans le temps l’instant présent, et laisse une trace pour les générations futures ». Privilégiant une approche spontanée, et un rendu brut – il ne retouche presque pas ses images – Sven Forsans capture des scènes de rues, comme des paysages naturels, cherchant à intercepter, grâce à son objectif, le charme et la fugacité d’un moment. « Ce que je préfère ? Le naturel et l’authenticité », ajoute-t-il.
© Sven Forsans
Toufic Beyhum
« Depuis que je suis en Namibie, je réalise à quel point la jeune génération s’est occidentalisée. Elle mange de la malbouffe, porte des vêtements européens… Et si certains ne peuvent pas s’offrir les créations des grandes marques, à China Town, on peut trouver des contrefaçons. C’est triste, car le China Town d’ici est un simple entrepôt rempli de vêtements, d’objets électroniques, de jouets en plastique – aucun restaurant ni lieu culturel, comme à Londres ou à New York »,
raconte Toufic Beyhum, photographe d’origine libanaise. Inspiré par cette mondialisation de la culture, ce dernier met en scène, dans Quiet Colonialism, des modèles noires aux peignes et coiffes made in China. « Je les ai créés moi-même, et imprimés en 3D », précise-t-il. Une série haute en couleur, mêlant les coutumes emblématiques de l’Afrique à l’influence grandissante des pays développés. Photographiées de dos, les femmes, arborant ces accessoires avec fierté, déjouent les codes et invitent le regardeur à s’interroger : les rites et coutumes minoritaires sont-ils voués à disparaître ? Comment préserver leur richesse ? Les maintenir en vie, dans ce monde ultra connecté ? « La technologie, à petite dose, est notre amie. Mais elle peut aussi se retourner contre nous et détruire notre contact social, notre culture », avertit le photographe.
© Toufic Beyhum
Image d’ouverture : © Toufic Beyhum