Les coups de cœur #339

03 mai 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #339

Dans des mises en scène pastel ou monochromes, Joséphine Van Glabeke et Louka Perderizet, nos coups de cœur #339, captent l’intime. L’une fige ses errances quotidiennes, tandis que l’autre documente sa transition.

Joséphine Van Glabeke

« J’aime photographier des corps, des silences… Ce sont des sujets qui reviennent beaucoup dans mes séries : le rapport au territoire, à l’espace personnel. J’essaye de recréer des univers rêvés, imaginés, de m’approcher d’une certaine poétique de l’intime »,

confie Joséphine Van Glabeke. Inspirée par l’œuvre de Sally Mann et son rapport émouvant à la famille, la photographe « décompose la ville, les paysages pour n’en capter qu’un fragment ». Adepte de l’argentique, elle retrouve dans cette pratique un rapport tactile, qui lui évoque notamment les peintures de Degas et le flou des corps qu’il dépeignait. « J’aime créer des couches de matière dans la composition, questionner le regard, instaurer du mouvement dans la fixité de l’image par des temps de pose longs, privilégier le net sur l’arrière-plan, pour qu’il ne soit plus seulement un cadre, mais un sujet, et donc une intrigue », précise-t-elle. Dans ses images, les thématiques de l’absence, de l’errance se dessinent et distillent une douce mélancolie. Balades solitaires dans les rues d’une ville inconnue, bâtiments en ruine, lits défaits chargés de souvenirs… Avec tendresse – et un grain prononcé – Joséphine Van Glabeke capture un univers aussi nostalgique que familier.

© Joséphine Van Glabeke© Joséphine Van Glabeke

© Joséphine Van Glabeke

© Joséphine Van Glabeke© Joséphine Van Glabeke

© Joséphine Van Glabeke

© Joséphine Van Glabeke

Louka Perderizet

C’est à douze ans que Louka Perderizet découvre le médium photographique, en imaginant, dans des lieux abandonnés, de sombres mises en scène. Depuis, le 8e art est devenu pour lui une manière de s’exprimer, de « faire passer des messages et d’éduquer les gens sur différents sujets ». Garçon assigné fille à la naissance et My love on film se lisent comme deux séries complémentaires, retraçant sa transition – et ses relations personnelles, rythmées par ces changements – à la manière d’un journal visuel. Dans un noir et blanc sobre, les images révèlent une intimité attendrissante, figée sans artifice. Un récit livré au regardeur dans tout son réalisme. Des lettres, rédigées par le photographe, sa famille, sa compagne, viennent enrichir l’histoire, et apporter des témoignages nécessaires à la compréhension. « Je voulais, grâce à ce projet, montrer aux parents d’enfants transgenres que ce n’est pas grave, qu’iels ont besoin de soutien, d’amour », précise-t-il. Plus intime encore, My love on film s’impose comme une véritable déclaration d’amour. Une mise à nu littérale et figurative, dévoilant le chemin sinueux vers l’acceptation de soi. « Je souhaitais montrer mon parcours amoureux, mes craintes, mes crises de dysphorie… J’ai l’impression de ne pas être légitime à vivre un amour avec quelqu’un, comme si ma “différence” en faisait un exploit. Comme si j’avais franchi l’impossible », confie l’auteur. Deux projets célébrant la différence et la tolérance.

© Louka Perderizet

© Louka Perderizet© Louka Perderizet
© Louka Perderizet© Louka Perderizet

© Louka Perderizet

Image d’ouverture : © Louka Perderizet

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