Les coups de cœur #347

28 juin 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #347

À seulement 24 ans, Elie Theunissen et Sarah Jacques développent tous deux des univers bien particuliers. L’un s’intéresse au monde de la nuit tandis que l’autre explore celui des rêves. Voici nos coups de cœur #347.

Elie Theunissen

« J’ai une façon de photographier assez instinctive, pulsionnelle. J’aime les appareils rapides, légers – des petits compacts flash ou des télémétriques. Je favorise le travail en noir et blanc argentique, car la maniabilité et la diversité des pellicules sont des paramètres que je trouve passionnants. Je retouche très peu mes images, je préfère que l’altération de mes prises de vue soit due à la chimie et à ma façon de développer »

, raconte Elie Theunissen, 24 ans. C’est à Bruxelles, lors de soirée que le photographe se découvre un intérêt pour le 8e art. Dans la vie nocturne, au cœur de la ville, il commence à figer, au flash, des instants bruts qui l’attirent. « J’aime l’indiscipline, et le fait d’oser me rapprocher des gens pour photographier un moment volé. Je capture la nuit comme temporalité, comme interdit », confie-t-il. Une passion qu’il développe ensuite à l’école supérieure des arts le 75. Au centre de ses compositions récentes ? Le couvre-feu, et ses conséquences sur nos sorties. « Je suis passé de clichés de jeunes éméchés, s’embrassant et s’oubliant, à traquer les vestiges de traces humaines dans les rues, au rythme des sirènes, seuls bruits restants dans ces villes mortes », explique-t-il. Inspiré par les réalisations d’Anders Petersen et de Ragnar Axelsson et leurs « univers noirs, parfois glauques », l’auteur s’attache à magnifier le grotesque, et l’ordinaire, révélant d’infimes détails.

© Elie Theunissen© Elie Theunissen
© Elie Theunissen© Elie Theunissen
© Elie Theunissen© Elie Theunissen
© Elie Theunissen© Elie Theunissen

© Elie Theunissen

Sarah Jacques

Étudiante à Gobelins, l’école de l’image, Sarah Jacques a grandi au contact des arts. « Mon beau-père est peintre et ma mère était chanteuse d’opéra. Elle était vraiment habitée par son art, je pense qu’elle m’a transmis cette passion », précise-t-elle. Grande rêveuse depuis l’enfance, c’est grâce aux images qu’elle communique et partage aux autres les nuances de son propre monde. « J’aime explorer le flou, la déformation et les couleurs. J’écris souvent mes songes, j’essaie d’écouter mon inconscient et je garde en mémoire ces éléments imaginés pour les reproduire en créant des mises en scène. J’aime imaginer des créatures irréelles, comme des femmes poissons. Les corps, dans mes images, sont nus, à la fois pudiques et sensuels. J’aime y ajouter une dimension mystérieuse : est-ce que ces êtres volent ? Est-ce qu’ils flottent ? Je tente également de m’approcher d’un aspect pictural en jouant avec des matières, des tissus, des objets qui deviennent des filtres entre mon boîtier et mon sujet », raconte-t-elle. Fascinée par l’onirisme, l’autrice joue avec différentes notions et explore des thématiques aussi abstraites qu’universelles : la nature, le lâcher-prise, l’inconscient, l’amour, le trouble, l’impalpable, ou encore le paradis. Jouant avec la distorsion et les couleurs, elle façonne un monde fantaisiste où le champ des possibles ne cesse de s’étirer. Un univers inspiré par la douceur de Sarah Moon, d’Elina Kechicheva ou encore de Paul Rousteau.

© Sarah Jacques© Sarah Jacques

© Sarah Jacques© Sarah Jacques

© Sarah Jacques

© Sarah Jacques© Sarah Jacques

© Sarah Jacques

© Sarah Jacques

Image d’ouverture : © Sarah Jacques

Explorez
Les coups de cœur #563 : Justin Phillips et Salomé Luce
© Justin Phillips
Les coups de cœur #563 : Justin Phillips et Salomé Luce
Justin Phillips et Salomé Luce, nos coups de cœur de la semaine, dessinent des images dans lesquelles les saisons défilent. Le premier...
20 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Rachel Seidu : être queer à Lille et à Lagos, une fierté émancipatrice
Peas in a Pod II, Emma et Maë, Lille, 2025. © Rachel Seidu
Rachel Seidu : être queer à Lille et à Lagos, une fierté émancipatrice
Dans le cadre du programme hors les murs de l’Institut pour la photographie de Lille, l’artiste nigériane Rachel Seidu expose Peas in a...
17 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Planches Contact change de cap
© Lin Zhipeng (alias n°223), Ce qui s’insinue dans les silences, Planches Contact Festival.
Planches Contact change de cap
Du 18 octobre 2025 au 4 janvier 2026, Planches Contact Festival revient à Deauville pour sa 16e édition. Ces derniers mois, les...
16 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Coups de cœur #562 : Cloé Leservoisier et Geekandstar
Série Where free people meet © Cloé Leservoisier
Coups de cœur #562 : Cloé Leservoisier et Geekandstar
Cloé Leservoisier et Patrick, alias Geekandstar, nos coups de cœur de la semaine, jouent avec les couleurs pour altérer – ou...
13 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La sélection Instagram #529 : passer du blanc au noir
© Lê Nguyên Phương / Instagram
La sélection Instagram #529 : passer du blanc au noir
Que permet le noir et blanc en photographie ? Pour quelle raison cette esthétique est-elle toujours aussi présente dans le champ de l’art...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les coups de cœur #563 : Justin Phillips et Salomé Luce
© Justin Phillips
Les coups de cœur #563 : Justin Phillips et Salomé Luce
Justin Phillips et Salomé Luce, nos coups de cœur de la semaine, dessinent des images dans lesquelles les saisons défilent. Le premier...
20 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 13 octobre 2025 : parcours photographique 
© Sander Vos
Les images de la semaine du 13 octobre 2025 : parcours photographique 
C’est l’heure du récap ! En ce premier week-end des vacances de la Toussaint, les pages de Fisheye vous présentent des expositions à...
19 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Maryam Firuzi : broder la mémoire, photographier la révolte
© Maryam Firuzi
Maryam Firuzi : broder la mémoire, photographier la révolte
Photographe et artiste iranienne, Maryam Firuzi explore la mémoire collective et les silences imposés aux femmes à travers une œuvre où...
18 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina