Tybald Jaud et Vincent Binant, nos coups de cœur #450, diffusent la lumière dans l’ombre. Chez l’un, elle s’immisce partout dans le paysage. Chez l’autre, c’est celle qui émane du mouvement diffus des corps.
Tybald Jaud
« Le paysage doit laisser de la place à l’imaginaire, le ciel à est très important dans mes images. Il permet justement de s’évader et de laisser une porte de sortie. Les nuages qui passent et qui diffèrent chaque seconde sont une source d’inspiration inépuisable », confie Tybald Jaud. Tout a commencé il y a une quinzaine d’années, en s’amusant à photographier ses ami·es au skate park. Quelque temps plus tard, diplômé d’un baccalauréat professionnel de photographie, il s’installe peu à peu dans le milieu en répondant à des commandes, ou en entamant ses projets personnels. Depuis, la photographie relève davantage du plaisir que de la contrainte purement professionnelle. Fasciné par la force narrative des clichés de Sabine Weiss, de Willy Ronis, ou de Henri Cartier Bresson, Tybald Jaud reste ouvert aux choses passagères, et veille à révéler le non-évènement. « Ce sont ces petites choses, invisibles pour celles et ceux qui ne prennent pas le temps d’observer, qui me parlent. Que ce soit un rayon de soleil qui pointe son nez sur un coin de rue à une heure bien précise, du linge qui sèche, il se passe constamment quelque chose. » Et dans l’ensemble, le paysage occupe une place privilégiée. Il est celui de tous les possibles, celui où la lumière de la lune filtre les cauchemars noirs, où la vie passe et le temps avec.
Vincent Binant
Passionné par la création, intrigué par les rapports humains, et interrogeant la temporalité des choses, Vincent Binant construit une galerie photographique où la beauté des corps et de la nature, se heurte au à un sarcasme latent. Suggérer des émotions par le mouvement ou l’abstraction, tels sont les ambitions du photographe, celles qui guident son processus artistique.« Je n’ai jamais pu vivre sans créer, mais c’est dans la photographie que j’ai trouvé́ le médium qui m’est le plus propre, en me servant d’une réalité dont je me moque totalement, une réalité dont je suis détachée, que je réinterprète pour ne jamais rester passif face à celle donnée, plutôt pour livrer la mienne, souvent déformée, mais toujours esthétique », déclare-t-il. Le désir, les côtés obscurs de l’âme, la mort du monde et la renaissance par la peur… Dans les monochromes de Vincent Binant, l’approche du sujet est floue, voire parfois déroutante, et nous emporte sans qu’on ait eu le temps de s’en apercevoir. « J’aime que le noir et blanc nous confrontent directement aux choses sans trop de nuances. Je suis foncièrement comme cela dans la vie, et c’est pourquoi mon travail me ressemble tout naturellement », conclut-il.