À travers leurs images, Valentine de Villemeur et Giulia Balletta, nos coups de cœur de la semaine, dépeignent deux univers différents. La première donne à voir une foire aux chevaux irlandaise tandis que la seconde envisage la mode comme un philtre d’amour.
Valentine de Villemeur
Depuis son expatriation en Irlande, Valentine de Villemeur peinait à trouver l’inspiration dans la rue qui, jusque-là, avait toujours été son terrain de jeu de prédilection. Un jour, au détour d’une conversation avec ses pairs, elle découvre l’existence d’une foire aux chevaux qui a lieu depuis plus de 300 ans dans un coin reculé du pays. « Intriguée, je suis rentrée chez moi pour faire des recherches, et quelques semaines plus tard, me voilà à Ballinasloe pour la journée », se souvient-elle. Sur place, l’artiste s’adonne alors à une autre approche de l’image, plus documentaire. La manière dont vont interagir ses compositions transcende désormais la seule dimension esthétique. Un nouvel enjeu se dessine. « Je me suis plongée dans cet univers unique, en prenant le contre-pied de ma pratique habituelle », explique-t-elle. Munie de son boîtier moyen format au cadrage carré, elle a pris le temps de demander à plusieurs personnes de poser pour ses portraits, d’observer l’environnement pour mieux saisir les contours de cette ambiance singulière, à rebours de la modernité de villes comme Dublin. « J’ai intitulé ma série Heritage car, durant mon expatriation, j’ai ressenti de manière frappante le besoin de préserver les traditions vivantes. Nous avons tous un héritage, une culture qui nous définissent et contribuent à forger notre identité. Bien que je pense qu’il est essentiel de s’adapter à son époque, je crois également qu’il est important de se souvenir de nos origines et de la richesse de notre passé », souligne-t-elle.
Giulia Balletta
Giulia Balletta officie dans la mode depuis qu’elle a acheté son premier boîtier, à 18 ans. Réalisant alors que sa pratique représente plus qu’un simple passe-temps, elle quitte son Italie du Sud pour rejoindre la capitale, dès l’année suivante, et étudier à l’Accademia Belle Arti Roma. Aujourd’hui âgé de 22 ans, la photographe puise dans les références de la mythologie et de la culture populaire pour composer ses séries. Amortentia, par exemple, reprend le nom d’un puissant philtre d’amour de la saga Harry Potter. « L’objectif était de créer un cadre dans lequel l’enfance et le style baroque pouvaient coexister. L’inspiration nous est venue, à Alice [Roscioli, styliste avec qui elle a imaginé ce projet, NDLR] et à moi, dès que nous avons réalisé que nous voulions concevoir quelque chose autour de la passion que nous avons pour le monde de la mode. Et bien sûr, j’ai aussi été influencée par l’univers de Sofia Coppola », explique-t-elle. À l’image, les modèles apparaissent ainsi dans des vêtements aux teintes douces, dans des taffetas et des mousselines pourvus de plumes, de broderies et de perles. Un certain onirisme se dégage. Il nous plonge dans un monde vaporeux où la jeunesse encensée semble pourtant bien fragile, au cœur de cet appartement aux fenêtres recouvertes d’épais jacquards.